T’as où la vigne ?
Les gens du haut et les gens du bas, la Haute-Broye et la Broye, les portes de Lavaux et la Paudèze, Lavaux et la Veveyse, la géographie forme les esprits de clocher. Ce fait était patent à l’époque médiévale, où avoir une source ou un chemin de passage obligé construisait des comptoirs, des richesses et des bourgs. Aujourd’hui, c’est un folklore amusant, une plus-value touristique qui amène dividendes et publicité mais ne contribue plus au bien-être. Historiquement, les communes du bas avaient besoin de celles du haut pour passer ne serait-ce que l’hiver. Les structures communales de la région de Lavaux et d’Oron étaient ainsi construites. Pour exemple, la commune de Lutry englobait Savigny, qui servait par l’agriculture et ses ressources forestières. Pour mémoire, la seule route aménagée menait vers le lac et les maîtres de domaines, il n’existait aucun accès vers les hauts de Lausanne qui ne comptaient que de petits villages tout aussi perdus. La géographie n’a plus cours si ce n’est par la géopolitique. Plus aucune commune n’est autonome, ni dans ses besoins ni à travers sa population. Nous sommes tous devenus pendulaires et, qui plus est globalistes. Nous achetons nos vêtements en Asie pour une somme dérisoire et commandons nos pizzas livraison incluse. Nous travaillons à deux heures de bouchons. Dans ce monde incohérent, il reste ce petit besoin, celui de faire partie d’une communauté, de rentrer « chez soi ». Ce « chez nous » est plus large qu’une commune, c’est une région dont l’identité est particulière et plurielle, c’est un district dont les liens se construisent petit à petit et dont nous sommes fiers de faire partie. J’ai où la vigne ? En haut et en bas…