Soldes
Georges Pop | Les soldes d’été, puis ceux d’hiver, sont une lucrative occasion pour les détaillants de se défaire de leurs surplus d’invendus avant de refaire le plein de marchandises dernier cri. Et ça marche plutôt bien ! Il suffit d’observer en ce moment la fréquentation des boutiques et des grandes surfaces et le ballet des cartes de crédit et du papier monnaie devant les tiroirs caisses. L’inventeur des soldes est un futé négociant français du nom de Simon Mannoury. L’homme était pourvu d’une robuste bosse du commerce. En 1830, il fonde à Paris « le Petit Saint-Thomas », ancêtre de tous nos grands magasins contemporains. C’est une révolution : l’entrée y est libre et les rayonnages offrent en permanence une vaste gamme de produits à prix fixes. Tout ou presque est désormais à portée de main des clients. Le succès est prodigieux. L’habile marchand se retrouve cependant assez vite avec des stocks d’articles qui n’ont pas trouvé preneur. Il imagine alors d’organiser une immense braderie à grands renforts de prix cassés. Les soldes sont nés !
Le mot soldes n’a pas une origine très noble et son étymologie est distincte de celle du mot féminin qui définit la rétribution des militaires. Au début de XIXe siècle le mot solde désignait en argot un morceau d’étoffe invendu. A l’origine, le mot était donc bien masculin et ne s’utilisait qu’au singulier. Ce n’est qu’au début du XXe siècle, que l’on commença à dire les soldes au pluriel. Il est poilant de constater qu’en Suisse romande – pays à priori francophone – la quasi-totalité des boutiquiers, plutôt que Soldes, affichent désormais sur leur vitrine son équivalent anglais Sale. On s’abstiendra ici de mettre en doute leur hygiène corporelle. En revanche on est en droit de débattre de la finesse de leur érudition…