Rugby – On s’en souviendra !
Veiller à ce que le groupe reste uni malgré tout

Sylvie Albertoni | Nous sommes le 12 mars 2020, notre équipe masculine sénior est prête à partir pour Winterthour samedi prochain. Il règne une drôle d’ambiance ces derniers jours, ce virus qui s’approche dangereusement, qui nous met face à notre propre vulnérabilité. Dehors, on parle de télétravail, de fermeture des écoles… en attendant les possibles consignes de la Fédération suisse de rugby, j’avertis les membres de notre club : le CoVid-19 ne passera pas par nous ! Si je dois prendre seule la décision de ne pas mettre en danger mes hommes en les laissant baigner dans une atmosphère de car durant près de 8 heures de temps, je le ferai. Si l’un d’entre eux est malade en partant, c’est toute l’équipe qui revient contaminée, un risque que je ne prendrai pas ! Il faut agir, mettre tout le monde à l’abri : je discute avec mes camarades du comité central afin de stopper les entraînements au moins durant 15 jours, histoire de voir de quel côté les restrictions tournent. Nous n’avons pas à attendre très longtemps pour recevoir les commandements de la Fédération suisse de rugby: suspension de toutes les compétitions jusqu’au 19 avril 2020. Les gars n’iront pas à Winti, ouf ! Pour les filles, aussi ces dernières semaines sont une grande déception. Tout le travail commun pour évoluer ensemble et retrouver leur meilleur niveau, tous les sacrifices des journées à s’entraîner au lieu de vivre en famille, rendus à néant par des mesures sanitaires à appliquer avec sérieux et précautions. Là aussi, nous pouvons saluer la force de caractère de toutes nos Licornasses, qui se serrent les coudes durant ces semaines difficiles. Cette première étape étant passée, il faut organiser la suite ! Veiller à ce que le groupe reste uni malgré tout ! Un international français disait dans les années 80 : « Le rugby, c’est l’histoire d’un ballon avec des copains autour et quand il n’y a plus de ballon, il reste les copains ». Une citation que j’ai pu de multiples fois étrenner. Si l’on ne fait pas d’erreur, la magie opère. Les hommes et les femmes du club restent liés par les réseaux sociaux et autres méthodes. On rit ensemble, on se donne des nouvelles, on veille les uns sur les autres, on s’encourage mutuellement. Parce que c’est ça le rugby ! Je reste persuadée que notre groupe s’en trouvera grandi lorsque le confinement sera terminé. Je sais qu’ils l’attendent tous… qu’ils la sentent déjà couler au fond du gosier, cette bière de retrouvailles ! Et nous pourrons à nouveau hisser nos couleurs et aller les défendre auprès de nos camarades de la ligue.
