Rivaz – Conférence de Valérie Cossy organisée par l’Association ProLavaux-AVL
Alice Rivaz : un pseudo trop vaudois pour être vrai ?
Jean-Gabriel Linder | A la grande salle de Rivaz, le 16 janvier, l’Association ProLavaux-AVL a invité le public à découvrir, voire lire et relire les livres de l’auteure Alice Rivaz (1901-1998), à l’écoute d’une conférence de Valérie Cossy, professeure associée en études genre à la Faculté des lettres de l’Université de Lausanne. Fille de l’instituteur Paul Golay, une grande figure publique, un des fondateurs du parti socialiste vaudois, et d’Ida Golay-Etter dont l’enfance fut vécue dans la pauvreté à Lutry, Alice Golay, à la publication de son premier roman Nuages dans la main (Lausanne: Guilde du livre,1940), tout en s’émancipant de ses parents, témoigna néanmoins de son attachement à sa mère, en se choisissant un pseudonyme régional de Lavaux, «Rivaz», dont le R et le Z la rapprochait aussi de l’initiale et de la finale de son mentor Ramuz. Les recherches et l’enseignement de Valérie Cossy portent sur la manière dont le masculin et le féminin se déclinent dans les littératures d’expression anglaise et française entre la fin du XVIIIe siècle et l’ère inaugurée par Simone de Beauvoir avec Le Deuxième sexe (1949). Auteure d’une monographie Alice Rivaz, Devenir romancière (Lausanne, Suzanne Hurter, 2015), Valérie Cossy s’interroge sur la personne d’Alice Golay devenue l’auteure Alice Rivaz, s’arrêtant notamment sur son «exil» à Genève, en 1925, grâce auquel a pu s’épanouir sa vie féministe et littéraire, tout en travaillant au Bureau international du travail (BIT) sachant que l’on vit rarement seulement de sa plume, et renonçant au mariage et aux enfants afin de se consacrer à l’écriture. Valérie Cossy a montré comment la romancière s’est concrètement inscrite, d’un point de vue biographique, dans l’histoire de la région. Puis à partir de Comptez vos jours (1966), L’Alphabet du matin (1968) et Jette ton pain (1979), elle a observé le lien qu’Alice Rivaz tissa entre environnement traditionnel et modernité urbaine, tel qu’elle l’avait représenté à travers la vie de ses personnages. Pour illustrer et appuyer le propos, la conférence de Valérie Cossy a été agrémentée d’extraits de l’oeuvre d’Alice Rivaz, lus par Madeline Demaurex à un auditoire conquis et particulièrement attentif. Une verrée offerte en fin de conférence ajouta au plaisir littéraire celui de goûter aux vins de Christophe Chappuis, vigneron à Rivaz.