Rien ne sert de courir… même si les douleurs !
Gérard Bourquenoud | Vous glissez par mégarde sur une tache d’huile de moteur ou une crotte de chien, vous tombez, vous vous relevez et vous constatez que rien de grave ne s’est produit lors de la chute. Vous poursuivez votre chemin ou votre travail. Puis vient la nuit au cours de laquelle la douleur commence à se faire sentir. Elle s’intensifie au fil des heures. Vous téléphonez à votre médecin. Le répondeur automatique vous dit qu’il est en vacances et que vous devez vous adresser à son collègue du village d’à côté. Même réponse de ce dernier qui est retenu à un séminaire de formation et vous propose encore un autre médecin, lequel est absent le week-end. Un quatrième répond que le cabinet est fermé et qu’il faut appeler la permanence médicale, laquelle propose d’aller directement à l’hôpital le plus proche.
Comme la douleur devient intenable, vous allez quérir votre femme pour vous conduire dans cet établissement hospitalier, plus précisément au service des urgences. Là, il vaut mieux ne pas être pressé, ni avoir mal quelque part, même si vous êtes le seul patient à l’accueil. Vous devez d’abord passer à la réception pour enregistrer votre entrée, afin de mettre votre identité sur ordinateur. Puis vous attendez qu’une infirmière se préoccupe de votre sort et vous amène dans une salle de soins. Elle vous demande de vous asseoir ou de vous étendre sur un lit. Et l’interrogatoire commence sur l’origine du mal ou sur les circonstances de l’accident. Ensuite, trois autres infirmières passent vers vous pour vous poser la même question. Après un tour d’horloge, un médecin-assistant vous consulte, puis s’occupe d’un autre patient qui saigne abondamment. Quelques minutes plus tard, un deuxième médecin s’entretient avec vous et tout l’interrogatoire recommence. Le temps passe, d’autres malades ou accidentés arrivent.
Un troisième médecin procède enfin à un examen de votre épaule ou se trouve probablement la fracture dont vous souffrez. Vous avez mal, c’est vrai, mais le sang ne coule pas, la douleur n’est donc perçue par aucun. Et voilà qu’après trois heures et demie d’attente, un quatrième médecin, chef de clinique, décide de faire une radiographie de votre épaule et de votre bras, car il ne sait où est la fracture.
Le samedi en question, dans cet hôpital, il n’y avait semble-t-il aucun médecin disponible pour entreprendre une intervention chirurgicale. Un assistant est donc chargé de vous mettre une attelle sur toute la longueur du bras dans une position bien précise, sans que le patient connaisse exactement la fracture. Et vous reviendrez la semaine prochaine.
Lors de cette nouvelle visite, c’est encore un autre médecin qui examine votre bras et votre épaule. Sur son conseil, une nouvelle attelle, en fer cette fois, est ajustée sur le bras pour éviter qu’il ne se plie. Revenez dans trois semaines…
Au cours de cette troisième visite, le chef de clinique constate que l’os cassé s’est soudé et qu’il préfère renoncer à une intervention chirurgicale. Pour permettre à ce bras de recouvrer sa vitalité, des mouvements particuliers sont prescrits au patient par une physiothérapeute. Vous reviendrez dans un mois pour nous montrer le résultat.
Moralité : rien ne sert de courir, même si les douleurs vous font claquer des dents…