Rencontre avec les effraies à Palézieux et les crécerelles à Grandvaux
Gil. Colliard | Effervescence, mercredi 22 juin en début d’après-midi, autour de la ferme Dovat de Palézieux: un groupe d’élèves de Lavaux-Centre et leurs parents assistaient au baguage ou baguement d’une famille de chouettes effraies, orchestré par les membres du Groupe des amoureux de la nature Lavaux (GANaL). Une nouvelle rencontre les attendait un peu plus tard à la ferme en dessus du Ranch de Grandvaux, avec un petit faucon crécerelle.
Six petites chouettes effraies, stars d’un instant
Sous les exclamations de surprise de ces jeunes participants, Gilbert Rochat dévoilait son trésor récolté tout en haut de la grange de la ferme de la Ruerettaz. Sortant de son sac, six petites chouettes effraies furent mises au jour. Patientes, elles furent admirées, délicatement touchées et commentées. Particulièrement remarquable, la présence de ce rapace nocturne n’avait pas été signalée dans la région depuis 7 à 8 ans. Quelques nichées sont répertoriées dans la plaine du Rhône depuis l’année passée seulement. S’établissant rarement en dessus d’une altitude de 800 m, il est ici à la limite de son habitat. Il faut dire que l’espèce supporte mal le froid et la neige. Trois semaines avec un sol enneigé et la chouette meurt, c’est ainsi qu’après le rude hiver 2012-2013, il ne resta plus que 5% de la population suisse. Sa couleur blanche la rend vulnérable, sa vue n’est pas excellente mais son ouïe est fortement développée. La martre et la fouine sont ses principaux prédateurs, mais il y a aussi le manque de nourriture qui développe dans le nid la loi du plus fort: les plus faibles sont dévorés par leurs frères et sœurs. Dans le pire des cas de diète, les parents tuent le dernier poussin afin de lui éviter les affres de la faim. Mais la petite famille, qui fait l’objet de toutes les attentions, se porte bien et après un dernier crépitement des appareils photos, bague à la patte, elle est remise au nid. Les oisillons commenceront à le quitter à l’âge de deux mois environ.
Un unique faucon crécerelle à Grandvaux
Nettement plus vindicatif, le petit faucon crécerelle délogé de son nid, à la ferme Gavillet au-dessus du Ranch de Grandvaux, tentait de se défaire de la main de Gilbert Rochat, sous le regard des parents qui tournoyaient dans le ciel. Ce dernier déplora n’avoir trouvé plus qu’un petit dans le nid alors que peu auparavant, il en avait compté quatre. Avec la météo de ce printemps, les fenaisons n’ayant pas pu se faire, les crécerelles n’arrivent plus à chasser suffisamment de campagnols, qui constituent l’essentiel de leurs repas. Le petit rescapé, qui doit certainement son énergie au reste de la couvée, accuse 203 g à 2 semaines. A un mois, il sortira du nid et déploiera ses ailes en forme de faux (d’où son nom) avant de repérer depuis les airs une proie au sol en faisant un impressionnant «sur place». Allié des agriculteurs, pour qui il débarrasse les champs des petits rongeurs, il trouve place chez plusieurs de ces derniers qui acceptent la pose de nichoirs spécifiques dans leurs granges. Dans la nature, il utilise volontiers les nids de corneilles où, contrairement aux nichoirs fabriqués par le GANaL, les petits sont à la pluie et tombent facilement en se poussant. On regarda encore «la dent du faucon» qui lui permet de tuer les proies attrapées avec les pattes et on ausculta la pelote de réjection contenant la peau et les os indigestes. Puis bagué, il fut remis au nid. Remerciant les organisateurs pour ces moments privilégiés de découvertes passionnantes et pour toutes les réponses apportées aux nombreuses questions, parents et enfants reprirent, eux aussi, le chemin de la maison.
Pour cette sortie découverte, Gilbert Rochat et Lucien Sarbach, deux des membres fondateurs du GANaL, étaient accompagnés, entre autres, par Gilbert Bavaux, enseignant sciences et math à Puidoux-Chexbres et membre du comité depuis cette année. Né en 1994 et lié pendant longtemps au passeport-vacances de Bourg-en-Lavaux, le GANaL a comme but de sensibiliser le public et particulièrement les jeunes à la nature qui les entoure. Fort d’une centaine de membres, dont une dizaine d’actifs, le groupe a collaboré avec Pro Natura et la commune de Bourg-en-Lavaux à la création de l’arboretum de Riex, planté plus de 80 arbres fruitiers, créé 3 étangs à batraciens au pied de la Tour de Gourze et posé et entretenu plus de 400 nichoirs dans la région. Après les rapaces, débute en août le baguage au filet des oiseaux. Les mercredis après-midi, on retrouve ces passionnés d’ornithologie à leur cabane, mise à leur disposition par la famille Richard au bord du lac de Bret, où ils tendent les filets pour répertorier les oiseaux sédentaires et de passage. Ils ont toujours plaisir à partager leurs connaissances et accueillent avec plaisir les intéressés.