«Ray & Liz», biopic, drame de Richard Billingham
Une misère occidentale
«Ray & Liz», biopic, drame de Richard Billingham
« En tant qu’artiste, on n’engage pas la polémique, on montre des images. A l’écriture du scénario, je remémorais des regards, des attitudes, des sons déjà précis» ainsi s’exprimait à Locarno l’été dernier le photographe auteur de son premier long métrage «Ray & Liz ». Le film relate son enfance dans le Black Country des Midlands de l’Ouest dans les années 80.
Victimes d’eux-mêmes
Colette Ramsauer. |. Un tableau authentique du quart monde dans la banlieue de Birmingham du temps des années Tatcher: Raymond et Elizabeth, victimes de l’alcoolisme, du chômage, d’eux-mêmes, dans un appartement glauque avec leurs fils Richard et Janson. L’éducation des enfants est édifiante. Les tracasseries administratives insurmontables. Le réalisateur tire des parallèles avec l’époque des années 80, comme avec la musique des groupes revendicatifs ou les séries télévisées dans lesquelles les enfants s’inspiraient pour faire la loi. Janson sera pris en charge par les services sociaux. Son père Ray ne se remettra pas de l’alcoolisme. Le film débute par la visite 10 ans après les faits de Richard à son père, sombrant, casé dans une chambrette décrépie, qu’il ne quitte plus. Triste.
Tourné en 16 mm
Critiqué à la sortie du film pour n’avoir pas continué dans son art de photographe provocant – en 1996, il avait publié puis exposé au public des photos de sa famille -, Richard Billingham a tourné «Ray & Liz» en couleur-16mm: «Parce qu’en 16mm les images donnent une vision plus proche de la vérité» déclarait-il à Locarno entouré des acteurs Justin Salinger (Ray) et Ella Smith qui expliquait son astreinte à une prise de poids avant le tournage afin d’incarner fidèlement le personnage de Liz.
Dix récompenses
Parce que la misère en Occident ne fait pas la Une des journaux, «Ray & Liz» nous plonge dans un monde qu’on a peine à imaginer. En 2016, le film de Ken Loach Moi, Daniel Blacke avait également surpris. A Newcastle dans un contexte différent, il mettait en lumière une situation de misère sociale que les Britanniques sont en ce moment toujours loin de maîtriser. Parmi une dizaine de récompenses qu’a obtenues «Ray & Lyz» l’année de sa sortie pour son sujet fort et ses images surprenantes, notons la mention spéciale du jury à Locarno et le Golden Alexander à Thessalonique. Un film étonnant!
«Ray & Lyz», UK, 2018, 108’, 16/16 ans – De Richard Billingham – Avec Ella Smith, Justin Salinger et Patrick Romer – Sortie le 10 avril 2019 – Au cinéma d’Oron, le vendredi 19 avril à 18h et le lundi 22 avril à 16h