Quelques réflexions sur les résultats des votations
Christa Calpini, pharmacienne, Ancienne députée PLR | Le peuple s’est donc prononcé sur deux objets fédéraux («IFD +TVA» et «No Billag») et un objet cantonal «Initiative pour une assurance obligatoire des soins dentaires». Les résultats sont clairs et les citoyens ont fait preuve de bon sens. Les Suisses ont accepté à 84,1% de prolonger de 15 ans la validité de la TVA et de l’impôt fédéral direct. Pour cet objet, j’ai voté NON, contrairement à toutes les recommandations. Non pas que je souhaite couper les vivres à la Confédération mais c’est l’absence de toute discussion qui m’a agacée. L’enjeu, 43 milliards par année versés à la Confédération via l’IFD (21 milliards) et la TVA (22,4 milliards), n’a fait l’objet d’aucun débat. Avec un titre insignifiant «Nouveau régime financier 2021», on nous a fait voter un paquet dans lequel il n’y a rien de nouveau excepté une modification formelle de l’impôt sur la bière. On prolonge un statu quo dont l’impôt fédéral direct. Or ce dernier devait être un impôt provisoire puisque créé lors des guerres mondiales du siècle passé pour faire face à des dépenses extraordinaires. Puis, à l’introduction de la TVA, il était question de l’alléger voire de le supprimer… Pourtant, cet impôt est dans la facture à côté des impôts cantonaux et communaux. Il a tellement gonflé qu’il est devenu quasi impossible de le supprimer puisqu’il représente environ un tiers des recettes de la Confédération. Quant à la TVA, j’aurais sans autre voté OUI, cette taxe étant des plus justes puisque payée par chaque consommateur. De plus, les taux pratiqués en Suisse sont raisonnables si on les compare à ceux des autres pays européens. J’espère néanmoins que lors du prochain renouvellement, pour 2036, le débat sera un peu plus vif! Pour «No Billag», j’ai aussi voté NON. En effet, les démocraties stables ont des services publics performants (écoles, transports, santé….). Elles ont aussi des services publics audiovisuels indépendants du pouvoir et des lobbys. Mettre nos concessions aux enchères et laisser les diffuseurs commerciaux prendre le pouvoir auraient été une grave erreur. La preuve: ce qui se passe en Europe où il faut 5 à 6 chaînes différentes pour voir, par exemple, les compétitions sportives (retransmises par la seule RTS chez nous) et ceci avec un coût annuel qui dépasse souvent 2500 francs pour le téléspectateur. Un accès pour tous à des émissions dans toutes les langues nationales et un soutien à la culture (cinéma, musique, théâtre…), c’est ce qu’a voulu notre population en mettant un NON à l’initiative dans l’urne, à 71,6%. Quant à l’objet cantonal sur l’assurance des soins dentaires, j’ai encore voté NON, comme 57,6% des Vaudois. Je ne pouvais pas soutenir un projet aussi interventionniste et payé par les générations qui travaillent alors que moi, retraitée, je pouvais en bénéficier sans participer financièrement. Je ne suis pas opposée à une assurance dentaire et avais soutenu en 2013 une proposition visant à assurer les enfants de la naissance à 18 ans. Nous savons que le système via les dentistes scolaires ne donne pas entière satisfaction. La performance varie fortement suivant les régions, les communes et le contexte socio-économique du patient. Or, arriver à l’âge adulte sans carie, avec une bonne information sur les mesures d’hygiène bucco-dentaires serait une avancée réelle à réaliser à moindre coût. En attendant, 10% de la population vaudoise continuera de se passer de soins dentaires ou ira se faire soigner en Croatie ou ailleurs. C’est une réalité qu’on ne peut qu’admettre.