Les solutions cantonales pour lutter contre la pénurie passeront par les logements d’utilité publique

Il est de plus en plus difficile de trouver un logement, et le district de Lavaux-Oron n’est pas épargné par la pénurie. Seuls deux districts du canton ne sont pas concernés par la crise du logement, Aigle et la Broye-Vully. Partout ailleurs, le taux de vacance est inférieur à l’équilibre de 1,5 %. Quatrième au classement des plus touchés, notre district montre une vacance de 0.89 %. « A cette pénurie s’ajoute une hausse du prix du marché du logement », a déclaré à la presse la ministre du logement Christelle Luisier. « Donc on parle d’une pénurie quantitative et qualitative, et la population est de plus en plus réticente aux projets de développement. »

Deuxième ville du district, Lutry possède 6300 appartements et une situation similaire à l’agglomération lausannoise. « Sur les 6300, environ 30 sont libres », explique Pierre Alexandre Schlaeppi, municipal en charge de l’aménagement du territoire et du logement. Et comme dans beaucoup de localités, l’aménagement du territoire limite les possibilités de construction. « On ne peut pas construire au-delà de la Lutrive parce que c’est protégé. Et de l’autre côté, côté ouest, on va revoir notre plan d’affectation communal, la constructibilité va être revue et ça va permettre d’augmenter le potentiel constructif. » D’autres projets sont sur les rails, dont le quartier de Burquenet, par exemple, accepté par la population en 2021.

Avec ces constats, le canton a présenté dernièrement sa vision pour endiguer la pénurie, qui se conjugue en quatre axes. Il s’agit de simplifier les procédures pour accélérer la production de logements, d’abord, en réduisant par exemple les temps d’attente pour l’octroi de permis de construire ou en encadrant mieux le droit d’opposition. Un droit non remis en cause, mais le canton souhaite renforcer la communication autour des besoins, et rappeler que l’enjeu du logement concerne tout le monde, dans l’espoir de décourager certaines oppositions pour des quartiers à venir. C’est un deuxième axe. L’objectif est également de mobiliser le foncier déjà existant en adaptant les outils d’aménagement du territoire, et finalement, favoriser l’accès à tous types de logement selon la tranche de population. Dans ce cadre, la création de logements à utilité publique sera encouragée via les communes.

Qui a peur du LUP ?

Au cœur de la stratégie cantonale, les logements d’utilité publique ont souvent fait parler d’eux, en lien avec le droit de préemption. Celui-ci donne le droit aux communes de se placer en priorité pour l’acquisition d’un bien foncier ou d’un terrain. Si la méthode ne fait pas que des adeptes, elle est encouragée par le canton dans les districts qui subissent la pénurie de logement. « On ne peut pas nier que les LUP ne vont pas drainer les plus riches », explique Florian Failloubaz, de la direction du logement, « mais plutôt la classe moyenne. Ils forment 80 % de la population de chaque commune. Ces gens-là pourront dépenser leur argent autrement que dans leur loyer, et ça sera positif pour les communes. »

Plus haut dans le district, la commune d’Oron est en effervescence. Le prochain quartier de « La Sauge » devrait amener 1100 nouveaux habitants supplémentaires. Ici, pas de loyers modérés mais un quartier écologique qui pourra répondre aux besoins de la population grandissante. « Selon le plan directeur cantonal, c’est un devoir des communes de développer les endroits proches des gares », explique le syndic Olivier Sonnay. « Celui-ci répondra à la pénurie au niveau régional, tant quantitativement que qualitativement. Le but n’est pas seulement de construire des logements mais d’accueillir ces personnes dans un milieu favorable. »

Si le district possède une capacité d’extensibilité plus grande que Lausanne ou l’Ouest Lausannois, plans d’affectation communaux et oppositions freinent le mitage du territoire. La vision cantonale, qui voit jusqu’à environ 2030, espère trouver une solution entre mitage et gratte-ciels.