Pully – Le pari de l’intercommunalité pour la STEP
Conseil communal du 8 octobre

La Municipalité a proposé au Conseil communal de s’associer avec les communes de Paudex et Belmont-sur-Lausanne pour créer une nouvelle structure, l’Association intercommunale pour la Gestion des eaux de l’Est lausannois (AGEEL). L’objectif : reconstruire la station d’épuration de Pully (STEP), assurer son exploitation et jeter les bases d’une gestion de l’eau plus solide, moderne et durable.
La STEP de Pully, entrée en service en 1969, traite aujourd’hui les eaux usées de Pully, Paudex et Belmont-sur-Lausanne, soit environ 23’500 habitants en 2024. Mais ses installations sont usées jusqu’à la moelle : pannes fréquentes, difficultés d’entretien, normes environnementales toujours plus strictes. Avec l’obligation d’ajouter le traitement des micropolluants, une modernisation complète s’impose. Mais avant d’en arriver là, des études (déjà acceptées et financées par la ville) ont planché sur les aspects techniques, fonciers et de gouvernance.
Les échanges se sont intensifiés au moment d’aborder le cœur du préavis, soit la création de l’Association intercommunale pour la Gestion des eaux de l’Est lausannois (AGEEL). Si la nécessité de reconstruire la STEP ne fait plus débat, c’est la gouvernance et la répartition financière entre communes qui ont cristallisé les tensions.
« Pully paiera plus, mais n’aura pas plus de voix »
Le conseiller communal François Logoz a dénoncé un déséquilibre entre la part financière assumée par Pully et le poids politique qu’elle obtiendra dans la future Association intercommunale pour la Gestion des eaux de l’Est lausannois (AGEEL). Selon les statuts soumis au vote, chaque commune disposerait d’une voix au comité de direction, alors même que Pully financerait près de 77 % du projet, contre environ 15 % pour Belmont-sur-Lausanne et 8 % pour Paudex. Une répartition calquée sur le nombre d’« équivalents-habitants » raccordés à la station d’épuration, mais qui ne tient pas compte de l’investissement réel ou de la taille des budgets communaux.
« Nous aurons une voix sur trois, soit le même nombre que les deux autres communes alors que nous allons payer les deux tiers de la facture », a martelé François Logoz, estimant que ce schéma prive Pully de toute marge de manœuvre. « Je propose d’accepter la création de l’association, que je ne remets pas en cause, mais de refuser les statuts, qui pénalisent notre commune ». L’élu a ajouté, dans une formule qui a provoqué des remous dans la salle, que Paudex serait « une commune parasite », profitant des infrastructures voisines pour éviter de les financer seule. Le président du Conseil est aussitôt intervenu, appelant l’orateur à la retenue : « Je vous prie de surveiller vos propos à l’égard de notre commune voisine », commente Patrick du Bois.
Du côté de l’exécutif, le municipal Marc Zolliker a tenu à replacer le débat dans une perspective de coopération plutôt que de confrontation. Il a rappelé que le déséquilibre financier évoqué n’est pas nouveau : « Déjà aujourd’hui, Pully assume la majeure partie des coûts liés à la STEP sans pour autant disposer d’une influence supérieure sur son exploitation ». Deux logiques s’affrontent, a-t-il expliqué : celle de la majorité contre la minorité, et celle du partenariat. « Cette dernière est celle qui prévaut depuis toujours dans notre collaboration. » L’édile a défendu la solidarité intercommunale comme principe fondateur du projet : une gouvernance partagée pour garantir un traitement des eaux performant, maîtriser les coûts et répartir équitablement les responsabilités. Il a aussi souligné que les investissements prévus, estimés à près de 68 millions de francs pour la reconstruction de la STEP et les infrastructures associées, entraîneront une hausse temporaire de la taxe d’assainissement, comme cela a été observé à Lausanne ou ailleurs lors de projets similaires.
En fin de discussion, les votes séparés de chacun des quatre points du préavis ont permis la création de l’association avec une quasi-majorité, de même que le transfert du fonds de réserve de 1,5 million de francs. En revanche, les statuts n’ont été adoptés que de justesse (37 oui, 34 non, 3 abstentions), et le point 4, relatif à la mission d’exploitation et d’entretien du réseau d’assainissement par la future association, a finalement été rejeté (36 oui, 39 non, 2 abstentions).
Blanc sur rouge, rien ne bouge pour les impôts
Parmi les points majeurs de la séance figurait l’arrêté d’imposition pour l’année prochaine. Fidèle à sa ligne de prudence, la Municipalité de Pully propose de maintenir le taux actuel à 61 points, soit le même niveau que l’an dernier. Ce coefficient correspond à 61 % de l’impôt cantonal de base et place Pully parmi les communes les plus modérées du canton en matière de fiscalité. A titre de comparaison, Lausanne applique un taux de près de 78,5 points et Renens avoisine les 77.
Dans son rapport, la commission des finances justifie ce choix par la volonté de préserver un équilibre entre prudence budgétaire et stabilité pour les contribuables. L’économie reste fragile, les marges de manœuvre communales se réduisent et les transferts financiers cantonaux peuvent varier d’une année à l’autre. Dans ce contexte, augmenter la pression fiscale envoie un signal difficilement défendable auprès des habitants. A l’inverse, une baisse d’impôt aurait compromis la capacité de la Ville à financer ses projets d’investissement, notamment dans les domaines de l’énergie, des infrastructures et de la durabilité.
Le PLR s’est d’ailleurs prononcé en faveur du maintien du taux actuel, estimant que le niveau d’imposition de Pully reste compétitif sans mettre en péril la qualité des services publics. Du côté du PS, un amendement ouvre un petit débat autour de l’impôt foncier. Cet impôt, prélevé sur la base de l’estimation fiscale des immeubles situés sur le territoire communal, reste fixé à 70 centimes par mille francs de valeur fiscale. En clair, un propriétaire dont le bien est estimé à un million de francs paiera 700 francs d’impôt foncier. L’amendement du groupe socialiste proposait de porter ce montant à 1 franc, estimant que les propriétaires pouvaient contribuer davantage à l’effort communal, notamment pour soutenir la transition énergétique et les services publics. La majorité du Conseil n’a toutefois pas suivi cette proposition, préférant maintenir le taux actuel.
Feu vert quasi unanime en faveur du Courrier Lavaux-Oron-Jorat
Le texte, déposé par un élu soucieux de la vitalité médiatique locale, invite la Municipalité à réfléchir à la manière de soutenir la presse régionale dans son rôle d’information de proximité. Une démarche saluée par l’ensemble des groupes politiques, conscients de l’importance de maintenir un lien fort entre institutions et citoyens.
Changements de visages sous la coupole communale
Trois élus ont annoncé leur départ : Dimitri Simos, Charles-Edouard Marchant et Quentin Rubatti. Tous trois quittent leur siège, remplacés par leurs collègues de parti : Céline Gandard, Piram Jaquet et Théodore Savary.