Pully – 9 millions pour analyser la reconstruction de la STEP
Conseil communal du 24 avril
L’infrastructure, vieille de plus de 50 ans, traite les eaux des communes de Belmont-sur-Lausanne, Paudex et Pully. Après les 1.44 million pour une étude d’avant-projet en 2020, les élus se prononçaient pour le financement d’une nouvelle étude.
Depuis 2016, les micropolluants doivent être pris en considération pour toutes STEP (Station d’épuration) traitant les eaux de plus de 24’000 habitants. L’installation actuelle de Pully ne permet pas d’éliminer les pesticides, les produits d’entretien et les médicaments présents dans les eaux usées. Pour répondre à la nouvelle ordonnance sur la protection des eaux et pour bénéficier de subventions fédérales et cantonales, l’infrastructure devra être planifiée d’ici 2030. Un soutien de huit millions à déduire des 61,7 millions du coût total de l’opération. Pour financer l’étude de neuf millions, Pully devra s’acquitter de 6.3 millions, une fois les subventions et la participation des deux communes partenaires.
Plusieurs variantes en examen
Pour faire baisser les coûts du traitement de ses eaux, Pully s’était penchée sur deux solutions : reconstruire sa STEP, ou se raccorder à celle de Lausanne (Vidy). « Cette idée a rapidement été écartée. D’une part, pour le manque d’autonomie communale, et d’autre part, pour son prix » informe par téléphone Yassin Nour, membre de la commission chargée d’étudier le dossier. En se ralliant à la capitale vaudoise, la facture du traitement des eaux se monterait à 134 millions sur une durée de 30 ans. Soit 27 millions de plus qu’en reconstruisant l’infrastructure pulliérane, qui coûterait de son côté, 107 millions.
L’aspect environnemental serait également impacté avec l’option lausannoise : « Le traitement de l’azote serait limité à Vidy et des coûts supplémentaires pour un procédé de dénitrification feraient grimper la facture » apprend-on dans la documentation du préavis. Autre aspect écologique, le déversement des eaux usées au lac est nettement moins important en adaptant le bâtiment pulliéran. Le canton a exigé que les eaux traitées soient rejetées à 230 mètres du rivage et non plus dans la Paudèze. Dans le but de protéger les berges et les zones de baignades, une canalisation sera enfouie à une profondeur de 25 mètres en face de la piscine.
Projet de longue haleine
« La réhabilitation de la station d’épuration date d’un certain nombre d’années. La première étude remonte à 2006 » confie Marc Zolliker. A cette époque, le socialiste présidait le Conseil communal. Aujourd’hui municipal en charge des services industriels, il a suivi l’évolution du dossier : « Les exigences légales en matière d’épuration des eaux ont évolué dans l’intervalle, impliquant des choix différents et augmentant les tarifs par rapport à l’avant-projet ». En 2020, le projet pour l’adaptation de la STEP de Pully se montait à 27 millions :
« Auparavant, il n’existait que deux stations d’épuration capables de traiter les micropolluants en Suisse. Actuellement, non seulement il en existe un grand nombre, mais elles doivent être en mesure de traiter plus de substances ». On peut noter par exemple que les exigences de traitement pour le phosphore ont été renforcées de 10 % (passant de 80 % d’élimination à 90 %) avant d’être reversées dans le Léman.
Si le montant de neuf millions pour un crédit d’étude paraît exorbitant, ce 1/6e est donc directement lié à l’évolution du projet. Les premières études partaient du principe que l’essentiel de la STEP serait maintenu : « Cependant, le volume actuel est insuffisant étant donné les nouveaux traitements à implanter » informe le préavis. Le futur bâtiment sera rehaussé d’environ 9 mètres pour accueillir les bassins de traitement. La toiture de la STEP est occupée par un parking public de 67 places. Ce dernier sera construit sur deux étages afin de créer plus de places et de libérer de l’espace au bord du lac. Toujours en toiture, des panneaux photovoltaïques sont prévus pour venir compléter la production de biogaz générée par la STEP et permettre une autosuffisance des besoins en chaleur de l’infra-structure : « Celle-ci pourra alimenter environ 400 ménages via un futur réseau de chauffage à distance. »
Partenariat intercommunal revisité
La STEP appartient à la commune de Pully. C’est donc cette dernière qui envoie les factures aux communes de Belmont-sur-Lausanne et de Paudex. Avec la nouvelle station d’épuration, l’entente intercommunale datant de 1975 n’est plus adaptée : « Une structure via une société anonyme a été évoquée, mais le modèle d’une association de commune semble priorisé. Car il est déjà pratiqué par Pully pour la police ou la protection civile » commente Mark Zolliker après la séance du Conseil.
Si, pour l’heure, aucune date n’a été annoncée pour le premier coup de pioche, il est bon de noter que l’eau éliminée durant l’opération sera rejetée avec une qualité dégradée. Pour éviter d’impacter les baignades à proximité de la piscine, la nouvelle conduite devra être construite avant le début des travaux.