Puidoux – Les 90 ans de Jean-Claude Chevalley du Treytorrens
Allez Jean-Claude, il y a encore de belles vendanges de vie à récolter
Jean-Pierre Lambelet. |. On est le 26 août 1929 à 1h20 du matin, un lundi. Pour bien commencer la semaine, Jean-Claude a décidé de donner du travail à sa maman et un joli sourire à son papa tout fier d’accueillir un fiston. Comme souvent dans notre Pays de Vaud, dès qu’une jolie suisse-allemande met le nez en Romandie, Gertrude Zum- stein, de Schöftland en Argovie, a craqué pour les beaux yeux de Victor Pierre Chevalley, de la Chenalettaz à Treytorrens. Et ainsi, Jean-Claude sera accompagné d’une petite sœur Myriam en 1931. Mais, dans le coin, comme on ne dénombre pas moins de cinq Jean-Claude Chevalley, il faut bien préciser que c’est celui du Treytorrens sur la commune de Puidoux, qui vit presque les pieds dans l’eau dans son beau bâtiment et domaine viti-vinicole face à la Savoie dont les Chevalley sont originaires depuis le 14e siècle. La Chenalettaz a déjà une longue histoire derrière elle, car le domaine est attesté depuis 1434…! On peut tenter de se reporter à cette époque où les pentes du Dézaley et des coteaux environnants étaient encore arborisés et en pleine période de défrichement pour faire place à la vigne et aux nombreux murs qui caractérisent Lavaux tel qu’on le connaît aujourd’hui. Il faut aussi dire que jusqu’au 20e siècle, dans pratiquement tous les domaines viticoles on trouvait aussi des vaches, des chevaux, des cochons, une basse-cour, car le vin ne nourrissait pas suffisamment la famille. Cheval! Le mot est lâché! Depuis tout gamin, ce vigneron est fasciné par le cheval… Après son école primaire à Cully, une école supérieure de commerce à La Neuveville qu’il devait absolument réussir pour gagner le pari fait avec son papa qui lui avait promis un cheval en cas de succès, il part faire son école de recrue naturellement dans la cavalerie jusqu’au grade de sous-officier avec «Dilettante» son cheval hanovrien…! Mais, il faut aussi apprendre son métier de viticulteur et d’œnologue en suivant les cours de l’école de Montagibert fraichement ouverte pour les vignerons. Un stage de 6 mois à Hügelsheim au bord du Rhin en Allemagne et puis départ pour le château de Crans-prés-Céligny où il peut parfaire sa formation professionnelle tant dans les vignes qu’à la ferme sous l’experte direction du fermier Fernand Cretegny. Et c’est là qu’une belle histoire d’amour commence! La jolie voisine du domaine agricole sis à côté du château a déjà un œil sur ce fier cavalier terrien… On voit bien que l’on se plait ensemble, on participe à une soirée théâtrale, on se regarde dans les yeux… Et puis, Jean-Claude rentre au Treytorrens et la belle part en Angleterre pour apprendre l’anglais, langue indispensable pour une personne voulant travailler chez Swissair. Mais Nelly Pradervand sait que c’est lui qui partagera sa vie et le 12 juillet 1958 les voilà mariés pour toujours! La chaîne d’amour s’agrandit en 1959 avec l’arrivée de Marie-Claude, en 1960 de Jean-François et en 1964 de Marc. Le papa de Jean-Claude étant décédé en 1957, il se trouve subitement à la tête d’un domaine qu’il va continuellement développer et agrandir, ce qui est encore le cas aujourd’hui. Mais, il n’y a pas que le boulot dans la vie, il y a aussi les loisirs et la passion des chevaux! Comment vivre sans monter sur un cheval ou le conduire depuis un break ou un cabriolet les guides à la main? Cette passion de l’attelage va l’amener de secrétaire des DGM vaudois jusqu’au poste de juge international d’attelage avec un brevet, obtenu après divers examens de hauts niveaux, et signé par la princesse Anne d’Angleterre qui était alors présidente de la Fédération équestre internationale. Ce poste va le conduire à juger des concours prestigieux et en même temps de découvrir de magnifiques endroits de notre planète. Et souvent Nelly l’accompagnait, car tous les deux adorent voyager! Et en plus de cela, il a fait partie du Conseil communal de Puidoux à partir de 1960 jusqu’à la présidence de la commission de gestion de 1966 à 1968. Puis, il intègre la municipalité de 1969 à 1977 où il occupe le poste de responsable des travaux. Et, il revient au Conseil communal de 1978 à 1982. Aujourd’hui, c’est son fils Jean-François qui tient les guides du domaine (est-ce un hasard s’il est aussi cavalier…?) et Jean-Claude peut se vouer à la lecture, au bricolage et raconter mille anecdotes de sa vie bien remplie et lumineuse. Oui lumineuse, car comme le vignoble de Lavaux, elle bénéficie de 3 soleils: sa chère épouse Nelly, ses vignes et ses chevaux…! Et pour couronner le tout, Jean-Claude fait le désespoir des marchands de pilules, car il n’en prend aucune! Allez Jean-Claude, il y a encore de belles vendanges de vie à récolter avant le 100e anniversaire!