Promotions – Les concombres
Les impressions du petit Nicolas
Nicolas 7 ans 1/2, propos recueillis par Rosane Schlup | Aujourd’hui, à l’école, on a préparé un apéritif dinatoire pour nos mamans et pour nos papas. Ils viennent à l’école pour voir notre exposition de dessins et aussi parce que c’est la fin de l’année, parce que c’est bientôt les grandes vacances et aussi pour dire au revoir à la maîtresse. Mon copain Nathan, il a dit qu’il ne voyait pas pourquoi il devait se décarcasser pour les autres et pas pour lui. Primo, ses parents, ils travaillent tout le jour et deuxio, lui, il est jamais là à midi. Il mange à la cantine, mais pas le mercredi. Des fois, il vient chez moi, mais pas toujours, à cause de maman. La maîtresse a expliqué qu’on disait apéritif dinatoire, même si c’est le soir. On a demandé si on disait «quatreheuratoire» et la maîtresse a dit que non. C’est facile, en gros, on dit toujours la même chose, le seul truc qui change, c’est ce qu’on mange a dit Marco. On a tous été d’accord et on a eu plein d’idées pour inventer des trucs qui existent pas encore. Après, on a dû se laver les mains et comme avec mon copain Nathan, on était les derniers à passer au lavabo, y avait plus de papier dans le distributeur. Faut dire qu’y en a toujours qui abusent ou qui ont le rhume ou alors, c’est le distributeur qui bloque, mais pas cette fois. On a essuyé nos mains discrètement dans le linge réservé aux pinceaux de peinture pendant que la maîtresse avait le dos tourné. On a dû prendre une planchette, un couteau et un légume chacun. Moi et Nathan, on a pris les deux plus énormes. Marco, mon copain qui aime bien les Ferrari, était déçu parce qu’il y avait pas de tomates et Coralie a encore pleuré parce qu’elle avait peur de se couper avec l’économe. On a bien commencé notre travail avec Nathan, mais après on s’est un peu bagarré à cause de la planchette qui était pas bien au milieu de la table et à cause des épluchures qui tombaient pas du bon côté et qui se mélangeaient avec le tas des grandeurs d’un doigt qu’on avait bien mesuré et qu’on devait garder. Quand la maîtresse a vu ça de loin, elle nous a crié d’arrêter de faire les concombres avec nos couteaux, sauf que nous, on faisait les carottes. Après, on devait mettre les légumes dans une bassine d’eau avec du jus de citron. Nathan a eu l’idée de lancer les morceaux de carottes un à un dans la bassine comme quand on fait la bombe à la piscine. On a pas réussi à gicler les copains, mais notre table oui. A la piscine, c’est quand même mieux. Comme on avait bien travaillé et qu’on avait encore du temps, on a déplacé toutes nos tables. On a fait un bouchon monstre et comme personne voulait reculer, on s’est de nouveau un peu énervé, mais après, on avait plein de place pour voir un film. On a vu «Ma vie de courgette», parce que «Ratatouille», on l’avait déjà tous vu. A la fin, la maîtresse a dit que demain, on devra tout remettre en place et là, Nathan a encore ronchonné. La maîtresse, là, c’est elle qui s’est énervée. Elle lui a dit que c’était tout de même pas la fin des haricots, que c’était un pauvre petit chou bien à plaindre mais qu’il avait pas du jus de navet dans les veines quand même! Nathan s’est un peu vexé et dans le vestiaire, il a dit qu’on aurait quand même pu demander ça… au concombre. Il a des drôles d’idées mon copain Nathan ou alors lui, il aime bien les légumes. Moi de toute façon, ce que je préfère c’est les frites avec du ketch up. Y en aura pas ce soir, mais y aura ma famille. Peut-être que mon papa va aimer le portrait que j’ai fait de lui à la manière d’Arcimboldo. J’ai vraiment bien réussi son nez.