Pigeons et Etourneaux exceptionnels
Luc Grandsimon | Nous allons vous parler cette semaine de deux oiseaux menacés de disparition dans la nature que vous pouvez découvrir au Tropiquarium de Servion: le Martin de Rothschild (Leucopsar rothschildi) et le Goura Victoria (Goura victoria).
Le Martin de Rothschild a été découvert en 1910 sur l’île de Bali, il ne se rencontre que sur cette île de l’archipel indonésien. C’est un petit oiseau de couleur blanche avec le pourtour des yeux bleus, et le bout des ailes et de la queue noirs, il mesure environ 25 cm. Il fait partie de la famille des étourneaux et porte ainsi le nom d’«étourneau de Bali ou Martin de Rothschild».
Le Goura Victoria vit dans les forêts vierges du nord de la nouvelle Guinée. C’est le plus grand représentant de la famille des pigeons, son corps est de couleur bleue, les splendides plumes constituant sa huppe sont clairement bordées de blanc, ce qui le différencie des deux autres espèces de Goura: le Goura Cristata et le Goura Scheepmaker. Ce gros pigeon mesure environ 74cm, il fait partie de la famille des colombidés.
«Ces deux espèces n’ont pas de dimorphisme sexuel, le mâle ne se distingue pas de la femelle, elles cohabitent très bien dans la serre tropicale du Tropiquarium, cela fait 35 ans que nous présentons des Gouras et 25 ans pour les Martins de Rothschild. Ces oiseaux sont frugivores et granivores, le Martin de Rothschild est aussi insectivore» explique le directeur Philippe Morel.
Des espèces rares et menacées
Durant les années 1950 à 1980, le Martin de Roth-schild a été abusivement commercialisé pour son aspect décoratif; actuellement, il est considéré comme éteint à l’état sauvage puisqu’on ne dénombre plus que quelques dizaines d’individus dans la nature. Il est classé en liste 1 (animaux extrêmement menacés) par l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature). Heureusement, quelques parcs zoologiques les reproduisent bien et maintiennent ainsi l’espèce. Le Martin de Roth-schild est «sociable» et peut vivre en petits groupes sédentaires. «Ici, au Tropiquarium, nous présentons une douzaine d’individus qui se reproduisent régulièrement et naturellement sans intervention humaine, nous ne plaçons aucun œuf de la serre tropicale en incubateur. En effet, le biotope de cette serre offre un environnement protégé et naturel aux oiseaux, cela leur permet de vivre comme dans leur habitat naturel. Le Martin de Rothschild nidifie dans un buisson feuillu ou dans la cavité d’un arbre. La femelle pond de 2 à 4 œufs; il est cependant rare que les quatre jeunes survivent, en général seuls deux œufs arrivent à maturité. Leur temps d’incubation est de 18-21 jours. Cet oiseau est toujours très recherché par les collectionneurs et les parcs zoologiques.»
Le Goura Victoria vit parfaitement camouflé dans son habitat naturel, il a, de ce fait, très peu de prédateurs à part les indigènes qui le chassent pour sa viande et pour le commerce. Ce gros pigeon ne pond qu’un seul œuf par an, si l’oeuf n’arrive pas à maturité, il peut en pondre un deuxième pour le remplacer et assurer la reproduction de l’espèce. «Au Tropiquarium, les Gouras Victoria nidifient comme dans la nature en haut des arbres. Le nid du Goura Victoria est impressionnant, car il est construit à partir de quelques branchettes constituant une petite plateforme sur laquelle il dépose son œuf. Le temps d’incubation pour l’œuf du Goura
Victoria est de 28 jours.»
Les petits des deux espèces sont nidicoles; c’est-à-dire qu’ils sont dépendants de leurs parents qui doivent les nourrir, ils naissent sans plumes. Le Goura Victoria sécrète, comme tous les pigeons, un lait appelé «lait de pigeon», ce lait est dépourvu de glucide et provient de cellules épithéliales tapissant le jabot. Le lait est donné aux oisillons par régurgitation en alternance par les deux parents.
Le Goura Victoria a une méthode bien particulière de courtiser sa compagne. En effet, il tambourine avec sa tête devant la femelle émettant un bruit sourd, un «hom-hom-hom-hom-hom» puissant.
Ce pigeon exotique vit seul ou à deux mais ne forme pas de grands groupes d’individus. Ceci leur permet d’être moins visibles et de se dissimuler dans la végétation environnante.