Palézieux-Gare – Le quartier « A la Sauge » entre dans sa dernière ligne droite administrative
Le projet de quartier qui doit permettre l’arrivée de 1100 habitants est à nouveau à l’enquête publique. Après de multiples adaptations et procédures depuis le début du projet en 2005, c’est une première étape de 18 immeubles (sur une trentaine au total) et leurs équipements qui est à l’enquête du 23 avril au 22 mai. A quelques jours de cette échéance, la Municipalité d’Oron en a présenté les grandes lignes lors d’une séance d’information publique.

Pensé dès 2005 sous le nom de « Palézieux Plus », le projet urbanistique autour de la gare devait initialement accueillir 1800 nouveaux habitants répartis sur quatre pôles : La Sauge, la gare, le quartier sous-gare et le village. A l’époque, densifier les abords des gares répondait aux objectifs fixés par les autorités fédérales et cantonales. Mais l’adoption de la nouvelle Loi sur l’aménagement du territoire (LAT) en 2013 a modifié le cadre légal. L’introduction de quotas de croissance a contraint la commune à redimensionner le projet. Après de longues négociations avec les promoteurs Halter SA, Next Immobilier SA et les services de l’Etat, celui-ci a été réduit à 1100 nouveaux habitants, répartis dans une trentaine d’immeubles, avec deux parkings souterrains.
Une séance publique pour ouvrir le dialogue
Lundi soir, la Municipalité d’Oron a réuni une centaine de personnes à la grande salle d’Ecoteaux pour présenter les contours du projet. Logements, maison de santé, crèche, commerces, place de rencontre et futur EMS figurent parmi les équipements prévus. « Nous avons voulu jouer la carte de la transparence », a souligné Olivier Sonnay, syndic d’Oron, en rappelant que les gabarits avaient été volontairement installés avant la séance.
Pour mémoire, le plan d’affectation « A la Sauge » avait été validé en avril 2023 par le Conseil communal. La Municipalité, organe exécutif, doit désormais mettre en œuvre cette décision. La mise à l’enquête actuelle concerne la première étape du projet, soit 250 logements pour environ 600 habitants. La seconde phase suivra la même procédure. Pensé comme un modèle d’urbanisme durable et inclusif, le quartier intègre mixité sociale, mobilité douce, espaces verts et labellisation Minergie ainsi que SNBS. Des éléments salués par certains, mais qui n’ont pas suffi à dissiper toutes les réserves dans la salle.
Projet mal accueilli par le voisinage
Plusieurs participants ont exprimé leurs doutes ou leurs inquiétudes. Les détails présentés par Paulo Brandao, directeur du développement Suisse romande chez Halter SA, ont fait réagir, notamment après l’annonce des 662 places de stationnement et des 274 appartements à venir : « Je suis nouvel habitant. Palézieux c’est super, enfin, pour l’instant. Pour moi, il y a un mensonge intellectuel derrière ce projet. Sur les images, tout est vert et écologique, mais vous allez juste encaisser 150 millions et tout bétonner. Il n’y a rien d’écologique là-dedans », s’insurge un riverain. Ses propos déclenchent une salve d’applaudissements dans la salle. Les critiques s’enchaînent : « Il faudrait déjà prendre soin des bâtiments comme ceux de l’Anémone ou des Jonquilles, et préserver les zones de verdure où les enfants jouent en sécurité », lance une habitante. Une autre pointe les gabarits : « On nous dit que les immeubles ne dépasseront pas dix mètres de haut, mais ce n’est pas ce que montrent les structures en place. »
La gestion des déchets suscite aussi l’inquiétude : « Ce n’est déjà pas irréprochable aujourd’hui, alors j’aimerais savoir ce qui est prévu dans ce quartier », questionne une habitante. « Des Molok vont être ajoutés et certains points existants seront légèrement déplacés », répond Anne-Cécile Uldry, sans apporter plus de détails sur le nombre de nouvelles installations. Dans la salle, les préoccupations s’élargissent : « Je suis physiothérapeute. Est-ce qu’on pourra louer un local dans la maison de santé pour ouvrir un cabinet ? Il n’y a aucune offre dans la région », témoigne un participant que nous interviewons après la séance.
Une autre voix résume l’impatience ambiante : « Voilà 15 ans qu’on nous parle de ce projet, et autant d’années qu’on manque d’une vraie place de jeu à Palézieux-Gare. Si vous supprimez la parcelle où les enfants s’amusent actuellement, ils n’auront même plus de champs pour courir ». Face aux nombreuses prises de parole, la Municipalité a tenté d’apporter des réponses, soulignant que plusieurs places de jeux seront aménagées dans le futur quartier, accessibles à tous les enfants, y compris ceux des alentours.
Volonté d’ajustement
Le syndic, Olivier Sonnay, a clos la soirée en insistant sur le sens de cette rencontre publique : « Ce type d’échange permet des ajustements et nourrit la réflexion. » Il a également tenu à rassurer les riverains sur la question de la vue : malgré la densité du quartier, les gabarits et l’implantation des bâtiments ont été pensés pour limiter l’impact visuel sur les habitations voisines et préserver les perspectives paysagères.