OUI à Sauver Lavaux 3
par Pierre Jeanneret, Grandvaux | Ce n’est pas ainsi que je conçois un véritable débat démocratique, surtout dans un journal tiré à 15’000 exemplaires, que reçoivent automatiquement tous les habitants de la région, qu’ils le veuillent ou non. De surcroît, en page de couverture, vous publiez la photographie de l’une des grandes banderoles des adversaires. Celles-ci «ornent» notamment les abords de la route du lac Lausanne-Vevey. Qu’aurait-on dit ou fait si les partisans de l’initiative avaient occupé ainsi l’espace public? Il est écrit sur ces panneaux: «Pour un Lavaux vivant. Non à l’initiative Sauver Lavaux, Oui au contre-projet». Et c’est signé «LES vignerons de Lavaux». L’honnêteté et la bienséance auraient voulu que l’on signe «DES vignerons».
Si en effet la grande majorité d’entre eux est farouchement opposée à l’initiative, il y a des avis discordants. Mais ceux-ci n’osent guère s’exprimer, de peur d’être mis au ban de la communauté villageoise et ostracisés dans le cadre de la corporation vigneronne. Il se trouve cependant des voix courageuses pour soutenir l’initiative. Ainsi, le journal Le Temps, dans son édition du 17 avril, a brossé le portrait de Marc Leyvraz, de Rivaz. Celui-ci, propriétaire du domaine ancestral et d’une maison dans le bourg qui est aux mains de la famille depuis 1600, n’est ni un traître à sa congrégation, ni un vilain gauchiste! Cet octogénaire combatif fustige notamment la prolifération des villas de luxe dans les hauts ou sur les rives du lac. Il en veut, avec raison, à la sacro-sainte «autonomie communale» qui a laissé faire cela.
Il suffit en effet de se promener dans ces zones pour constater l’effarant laxisme de plusieurs municipalités. Elles ont autorisé la construction de véritables bunkers de béton gris, que n’aurait pas reniés l’armée suisse entre 1939 et 1945. Et cela dans l’un des plus beaux paysages du monde, chanté par J.-J. Rousseau, Ramuz et bien d’autres. Sans omettre les absurdes piscines privées, à quelques centaines de mètres de magnifiques plages publiques, comme celles de Lutry ou Cully.
Alors, arrêtons ces dégâts au patrimoine pendant qu’il est temps!
Je souhaite donc que les Vaudoises et les Vaudois, massivement, disent OUI à la préservation de ce site exceptionnel inscrit au patrimoine de l’Unesco.