Oron – « Un centre qui donne du sens aux jeunes »
Une année de La Casa

Un an après son ouverture, l’espace jeunesse d’Oron-la-Ville a trouvé son rythme et son public. Dans son appartement de 4.5 pièces de la route de Lausanne, plus de 300 jeunes ont franchi le pas de la porte. Avec 2600 visites comptabilisées depuis janvier, La Casa s’impose comme un lieu d’ancrage, d’écoute et de confiance.
Depuis août 2024, les rires, les discussions et les parties de babyfoot rythment les après-midis à La Casa. Installé dans un appartement de 4,5 pièces d’environ 110 m², le centre accueille en moyenne 25 jeunes par jour, dont 80 % habitent Oron. « La fréquentation est toujours là et le succès a été immédiat depuis son ouverture », se réjouit Monique Ryf, municipale en charge des écoles et de la jeunesse.
A l’origine du projet, une volonté politique claire : offrir aux adolescents un espace de rencontre et de dialogue. La mise sur pied du centre a notamment été motivée par une série d’actes de vandalisme et par le constat d’un manque d’endroits adaptés pour les jeunes. « Ici, c’est de la prévention à long terme », souligne Monique Ryf, avant de préciser que l’un des plus grands défis fut de trouver un local proche des écoles et des transports publics.
Un laboratoire du lien
Pour les deux animateurs socioculturels à 70 %, Eric et Rafael, La Casa représente bien plus qu’un simple lieu d’accueil. « C’est le rêve d’achever sa formation et de pouvoir mettre sur pied un projet comme celui-ci », confie Rafael. Leur approche repose sur l’accueil libre et l’écoute active. « Nous fonctionnons avec des ateliers spontanés », explique Eric Pilloud. « Ce sont les jeunes qui lancent une idée d’activité. Comme un tournoi de babyfoot, une session de musique ou un atelier de cuisine. »
Les vendredis, le local compte en moyenne 40 visiteurs. Dans cette effervescence, la clé reste la création de liens : « Le babyfoot, par exemple, c’est la création de lien », sourit l’éducateur. « La Casa, j’appelle ça un laboratoire du lien. En partageant des moments, on gagne la confiance des jeunes, on comprend leurs besoins et on leur donne des clés pour avancer ». Depuis la rentrée, une soirée par semaine est désormais dédiée aux jeunes adultes de 18 à 25 ans, une manière d’accompagner la transition vers l’autonomie.
« Il y a beaucoup de monde en dehors des heures d’ouverture, car ce n’est pas toujours facile de parler quand il y a quarante autres jeunes autour », confie encore l’animateur. Malgré la densité des échanges, la sérénité règne : « Contrairement à d’autres centres similaires du canton, nous avons très peu de violence à Oron », constate Eric Pilloud qui possède plusieurs années d’expériences.
Une fierté communale
Pour la Municipalité, le pari est réussi : « Nous sommes contents d’avoir fait le choix d’ouvrir ce centre. Cela a été un long processus, avec des visites d’autres structures, des discussions avec la police et la préfecture », rappelle le syndic Olivier Sonnay. Avant d’ajouter : « Ces jeunes, c’est une fierté pour notre commune. On a l’impression qu’on leur donne plus qu’autrefois, mais en réalité, on récupère bien plus après. »
Invité pour l’occasion, le conseiller d’Etat Vassilis Venizelos a salué l’esprit du lieu et partagé un souvenir personnel : « J’ai commencé la politique avec ce genre de projet. Quand j’étais plus jeune, nous faisions de la musique avec une bande d’amis dans un immeuble que nous avons dû quitter pour cause de projet immobilier. Nous avons alors frappé à la porte de la Municipalité pour trouver d’autres murs afin de continuer à jouer. Aujourd’hui, c’est une école de musique qui existe toujours. Cette jeunesse va nous sauver les fesses ! »
En attendant, La Casa continue de grandir, portée par l’enthousiasme de ses animateurs et la confiance de ses jeunes habitués. De nouveaux aménagements ont été demandés aux autorités cantonales : matériel de musique, platines, micros… autant d’outils pour prolonger la mélodie d’un projet déjà bien ancré dans le cœur d’Oron.