Oron – La 5G, sommes-nous tous des rats de laboratoire ?
La cinquième génération de téléphonie mobile fait couler de l’encre

Thomas Cramatte | Située au chemin de la Maladaire 12, la dernière technologie de communication suscite de nombreuses questions. Depuis plus d’une année, la cinquième génération est montrée du doigt pour ses éventuels méfaits sur la santé.
Cinquième génération
La cinquième génération de téléphonie mobile fait couler de l’encre. Que ce soit pour l’organisation de moratoires ou pour rédiger des oppositions. Mais une chose est sûre, nous n’avons pas fini d’entendre parler de cette technologie invisible. Pour les opérateurs, la digitalisation croissante de notre société les poussent à réduire le temps de latence. Ce raccourcissement du temps de réponse serait vital pour notre futur toujours plus connecté. Il est également bien de savoir que la Suisse, autrefois restrictive en matière d’onde électromagnétique, s’aligne progressivement avec ses pays voisins. Il faut noter qu’actuellement les normes suisses sont dix fois inférieures à ses pays voisins selon UIT (Union internationale des télécommunications) lors de la conférence tenue à Charm el-Cheikh le 22 novembre 2019. Beaucoup de questions restent encore en suspens, nous avons demandé l’éclairage d’Enrico Stura, biophysicien EPFL et de Christian Neuhaus, porte-parole de Swisscom. Chacun d’eux apporte un éclairage bien différent de ce sujet.
Les bases
Les données sont complexes. Depuis huit ans, Enrico Stura, biophysicien installé dans la région d’Oron, travaille sur le sujet. Pour lui, il est primordial de comprendre les bases. C’est en 2015 que commence le «standard 3GPP». Le but était en 2015 de réduire les émissions à 0.6 voltmètres afin de rester dans les normes suisses. Ce standard de communication mobile intègre ce que l’on appelle la cinquième génération (5G). Si l’on compare avec les ondes FM (radio), celles-ci sont sinusoïdales. Tandis qu’en communication digitale (2G, 3G, 4G et 5G), les ondes sont pulsées. Voici la principale distinction entre la communication analogique et digitale. Toutes les générations de communications digitales fonctionnent de la même manière. Mais contrairement à la 4G, les ondes de la 5G sont plus ciblées. L’onde se dirige directement sur l’appareil connecté.
Actuellement
Le peu de recul sur cette récente technologie accentue les craintes d’un point de vue cantonal et communal. En avril dernier, le Grand Conseil vaudois adopte un principe de précaution afin de suspendre les autorisations d’implantation d’antenne 5G sur le territoire cantonal. Pour les opposants à la 5G, il est urgent d’attendre. Ce principe de précaution apporte un moment de répit bienvenu. Un groupement de scientifiques (5G Appeal) venant de 36 pays différents appellent à un moratoire sur le développement de la 5G dans le cadre de l’Union européenne. Pour eux, la 5G augmenterait significativement l’exposition aux radiations électromagnétiques, il mentionnent dans leur appel «Nous, soussignés scientifiques, recommandons un moratoire sur le déploiement de la 5G, la cinquième génération de support hertzien pour les communications mobiles, jusqu’à ce que les dangers potentiels pour la santé humaine et l’environnement aient été complètement évalués par des scientifiques indépendants de l’industrie. La 5G augmentera considérablement l’exposition aux champs électromagnétiques de radiofréquence (CEM-RF) par rapport aux réseaux existants 2G, 3G, 4G, wi-fi etc. Il est prouvé que les émissions CEM-RF sont nuisibles à l’homme et à l’environnement» Source 5G Appeal.
En Suisse

Le groupe de travail «Téléphonie mobile et rayonnement» (commission du Conseil fédéral) a publié son rapport sur la 5G jeudi 28 novembre. Demandé par l’ancienne conseillère fédérale Doris Leuthard, ce rapport, auquel les opérateurs ont participé, effleure de loin les connaissances scientifiques sur les impacts sur la santé. Ce compte rendu n’a guère fait avancé les choses pour les cantons et les communes. «C’est un rapport qui ne donne aucune recommandation claire et précise», révèle Pierre Dubochet, ingénieur radio et consultant pour la RTS. L’ingénieur commentera ce rapport dans les médias dans le courant du mois de décembre. Selon lui, il est nécessaire de respecter le principe de précaution. «Rappelons une fois encore que Swisscom connaît depuis 2003 le lien entre exposition au sans-fil et indication d’un risque accru au cancer», précise Pierre Dubochet.
Mise à l’enquête
La mise à l’enquête publique est toujours obligatoire dans le cas où l’orientation ou la puissance d’une antenne est modifiée par les opérateurs. « S’il n’y a qu’une modification minime de l’installation, sans changement d’orientation, ni de modification de puissance, on parle d’un cas dit bagatelle. Ces cas de bagatelle ne demandent pas de mises à l’enquête. Un formulaire doit toutefois être remis à l’office OFEV des cantons qui valide ensuite la modification», précise Christian Neuhaus, porte-parole de Swisscom. Au terme de la mise à l’enquête dimanche 1er décembre sur l’installation de la 5G au chemin de la Maladaire 12, de nombreuses oppositions ont vu le jour et seront traitées selon la procédure habituelle. Il est à rappeler que le Grand Conseil vaudois avait décidé le 9 avril de suspendre les autorisations d’implantation d’antennes 5G. Philippe Modoux, syndic d’Oron, nous apporte des précisions à ce sujet : « Si nous avons une mise à l’enquête, celle-ci est obligatoirement transmise au canton. C’est le canton qui doit trancher et non les communes », précise le syndic. Le moratoire du 9 avril est toujours d’actualité et même si les oppositions sont levées, cela ne veut pas forcément dire qu’il y aura construction d’une antenne 5G. En conclusion, le rapport délivré par la commission du Conseil fédéral n’est pas parvenu à éclairer les zones d’ombres sur la complexe question de la 5G. L’épineuse question reste ouverte, d’autres études seront nécessaires pour clarifier la nuisibilité, ou non, de la technologie 5G.
