Oron – « Imaginer notre commune pour les 15 à 25 prochaines années »
Aménagement du territoire

Avec ses 2 pôles à Palézieux-Gare et à Oron-la-Ville, la commune est reconnue comme centre régional par le canton. Ce qui implique l’obligation d’élaborer un Plan directeur communal (PDCom) pour planifier son développement global pour les 15 à 25 prochaines années, document de référence qui définit l’utilisation du sol et encadre le développement du territoire. Explications avec Olivier Sonnay, syndic.
Ce document de 210 pages est mis en consultation publique pendant 30 jours. Durant la même période, le Plan d’aménagement communal (PACom), anciennement appelé Plan général d’affectation, sera mis à l’enquête publique. Ce plan mentionne par exemple où l’on peut bâtir, quelles zones doivent rester agricoles ou protégées, et comment les infrastructures publiques peuvent accompagner la croissance démographique. La législation impose aux communes de réviser ce document tous les 15 ans, afin qu’il reste en adéquation avec les besoins locaux, mais aussi avec les exigences cantonales et fédérales en matière d’aménagement du territoire.
A Oron, cette révision du PACom tient, quant à elle, sur 320 pages et est particulièrement attendue, car la commune connaît une forte dynamique de développement et doit trouver un équilibre entre accueil de nouveaux habitants, préservation de son cadre rural, gestion des infrastructures et contraintes cantonales. Une mise à l’enquête publique est ouverte du 15 septembre au 14 octobre et chacun peut déposer remarques ou oppositions. Une séance d’information se tiendra également le 15 septembre, à 19 heures, à la salle polyvalente de Palézieux-Village. Pour bien comprendre les enjeux de cette action, nous avons rencontré le syndic d’Oron, Olivier Sonnay.
Le Courrier : Le PACom est un document clé qui dessine l’avenir d’une commune. Quels en sont les grands objectifs pour Oron ?
Olivier Sonnay : Le principal est d’avoir un règlement harmonisé pour les onze localités, sans gommer leur identité. Je pense, par exemple, aux petites tuiles typiques que l’on retrouve sur certaines habitations de Châtillens et d’Essertes, qui avaient été imposées par l’ancienne règlementation et devront l’être également avec le nouveau PACom, lequel sert de ligne de conduite patrimoniale. Un autre objectif, imposé par le canton, est de redimensionner la zone à bâtir. Si nous n’avions pas été dans ce sens-là, l’Etat aurait bloqué toute délivrance de permis de construire et la moindre rénovation serait alors devenue impossible.
Comment avez-vous concilié développement et préservation des terres agricoles ?
Nous avons travaillé sur les bases du Plan directeur communal (PDCom) qui avançait en parallèle de cette planification. Cet autre document fixe des recommandations dans des domaines comme l’énergie, la mobilité, la biodiversité ou le patrimoine et justement la préservation des terres agricoles. C’est une sorte de marche à suivre pour développer le PACom. Ces deux documents se complètent et permettent d’intégrer ces thématiques dans la planification.
Quels ont été les principaux défis de cette révision ?
Uniformiser les réglementations de toutes les anciennes communes et intégrer Essertes, qui avait pris de l’avance sur Oron lorsque nous avons repris ce dossier en 2012, au moment de la fusion. Mais surtout, gérer le dézonage demandé par l’Etat et sa volonté de réduire les capacités d’accueil de nouveaux habitants en supprimant des parcelles constructibles. C’est l’aspect le plus complexe de ce PACom.
Concrètement, que signifie ce dézonage pour les propriétaires concernés ?
C’est une situation très préoccupante pour les propriétaires des 150 parcelles concernées, qui voient la valeur de leur terrain chuter. Des dédommagements sont prévus par le canton, mais sous des conditions très strictes. Pour les familles touchées, c’est très difficile à accepter.
La planification de l’habitat dispersé visant à réaffecter d’anciennes fermes est-elle intégrée à ce nouveau PACom ?
Non, mais le dossier avance vite ! Il devrait être soumis à l’enquête publique cette année encore et présenté à la population lors d’une séance publique. Plusieurs dizaines de fermes sont concernées sur le territoire d’Oron. Ces bâtiments considérés comme constitutifs du paysage pourraient être au terme de la procédure, réaffectés entièrement, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui.
La population peut-elle intervenir sur le projet ?
Oui, durant la mise à l’enquête du 15 septembre au 14 octobre. Les citoyens peuvent déposer des oppositions ou simples observations, comme pour n’importe quelle construction. Le PACom, c’est en quelque sorte une mise à l’enquête de l’ensemble du territoire communal.
Que prévoit le plan pour répondre à la croissance d’Oron en matière de mobilité et d’écoles ?
Le PDCom contient des directives, comme le renforcement de la mobilité douce ou une réflexion sur le stationnement par exemple. Une étude sur de telles infrastructures sera soumise prochainement au Conseil communal. Pour les écoles, le grand défi reste le collège de Palézieux-Village, car il doit être assaini et agrandi. Une nouvelle construction a été étudiée, mais elle serait trop coûteuse par rapport à une rénovation.
Que répondez-vous aux personnes qui disent que Oron devient un prolongement de Lausanne ?
Le trafic augmente, c’est un fait, mais cela apporte aussi des opportunités. Les habitants ne sont plus obligés d’aller à Lausanne ou ailleurs pour leurs achats. Contrairement aux années 80, l’idée aujourd’hui n’est plus d’attirer de nouveaux contribuables, mais de garantir une taille critique permettant d’offrir des services de qualité aux habitants.
Le plan de quartier de la Sauge, à Palézieux-Gare, est l’un des projets phares de la commune. Quel est son lien avec le PACom ?
Paradoxalement, 150 parcelles sont visées par un dézonage, mais le quartier de la Sauge pourra se réaliser, car il est considéré comme un pôle de développement par le canton. C’est un projet stratégique pour accueillir de nouveaux logements à côté de la gare de Palézieux, mais il n’a pas d’incidence directe sur le PACom. Ce développement a été imposé par la planification directrice cantonale.
Un PACom se révise tous les 15 ans. Comment imaginez-vous la version de 2040 ?
Il devra encore s’adapter aux évolutions de la société et aux contraintes cantonales. Mais surtout, il devra continuer à protéger notre patrimoine, nos terres agricoles et notre qualité de vie, tout en offrant les infrastructures nécessaires à une population en croissance. La version 2025 est principalement basée sur le dézonage, la prochaine concernera peut-être l’optimisation des surfaces par une densification de l’habitat et de l’activité.