Opinion
Initiative populaire « Pour une Suisse qui s’engage (initiative service citoyen) »

Que veut cette initiative ?
Les auteurs de l’initiative veulent faire évoluer le service militaire obligatoire actuel vers un service pour toutes/tous. A cet effet, ils proposent une modification essentielle de l’article 59 de la Constitution fédérale, ce qui va exiger, lors de la votation du 30 novembre, une double majorité du peuple et des cantons.
A l’avenir, ce ne seront plus seulement les hommes qui serviront dans l’armée. Toutes les femmes et tous les hommes s’engageront au profit de la collectivité, de la sécurité et de l’environnement. Que ce soit dans l’armée ou dans la protection civile ou dans des domaines les plus divers, tels que la protection de l’environnement, l’intervention en cas de catastrophes, la cyberdéfense, l’éducation, l’agriculture ou l’action sociale. C’est le législateur qui déterminera quelles tâches au sein du service seront pertinentes et reconnues à l’avenir.
Ainsi, toutes les personnes ayant la nationalité suisse accompliront un service soi-disant moderne (Service citoyen) dans le domaine de leur choix.
A première vue, l’initiative paraît tout à fait louable sur le papier, c’est une offre séduisante pour le citoyen, des prestations sur-mesure à un prix discount pour la collectivité et l’économie !
Mais… voyons les choses d’un peu plus près…
Louis Gilliéron, Belmont-sur-Lausanne | L’initiative ne résout pas le problème des effectifs de l’armée. Au contraire, elle dévalorise le service militaire. La situation actuelle et le réarmement des pays européens le rend pourtant plus que jamais nécessaire et sans concurrence.
Elle prétend simplement garantir les effectifs de l’armée et de la protection civile sans préciser comment y parvenir ; affichant une contradiction évidente, elle postule un libre choix des affectations par le citoyen.
La sécurité ne serait pas renforcée ; au contraire, les forces et les moyens seraient dilués alors qu’on a besoin d’une armée forte, bien formée et surtout équipée, ce qui a un prix !
Ce modèle est incompatible avec notre économie. Non seulement les entreprises devront supporter plus d’employés absents, mais elles subiront une concurrence amplifiée, générée déjà actuellement par le service civil.
On dénonce avec raison le dumping salarial que le service citoyen provoquerait dans des métiers peu qualifiés, dans les soins et le domaine social, par exemple.
Un service citoyen obligatoire pourrait introduire des inégalités, notamment pour les personnes qui ont des contraintes personnelles, professionnelles ou familiales.
L’engagement obligatoire des femmes ne fait pas l’unanimité dans les milieux concernés, bien au contraire ! Les femmes aspirent d’abord à une égalité parfaite avant tout autre engagement. En effet, contraindre les femmes à effectuer un service citoyen ne constituerait pas un progrès en matière d’égalité.
A la lecture de la brochure publiée par la Chancellerie fédérale le 27 août 2025, on apprend que le Conseil fédéral est chargé d’adapter le système actuel de l’obligation de servir. Le but est, entre autres, de regrouper la protection civile et le service civil dans une nouvelle structure appelée « protection contre les catastrophes », ce que nous préconisons depuis longtemps. Les femmes pourront continuer de s’engager à titre volontaire.
En conclusion, tout bien considéré, notamment les travaux de réforme en cours au niveau du Conseil fédéral et du parlement et les sept arguments ci-dessus, nous prétendons qu’un service citoyen n’est pas un modèle d’actualité pour la Suisse.
Par conséquent, nous lui réservons un NON le 30 novembre.


