Opinion
Produits de proximité : après les paroles, les actes ne suivent pas

Jean-Pierre Grin, Conseiller national | Plusieurs tonnes de tomates suisses ont dû être jetées dans notre région en été 2021 parce que le commerce de détail avait donné la préférence aux tomates importées. Il ne s’agit malheureusement pas d’un cas isolé où le prix passe de plus en plus chez les grands distributeurs avant la durabilité et la provenance. Cela malgré la publicité faite pour les produits de la région.
Avec les nouvelles techniques de production, les tomates suisses sont disponibles dès la mi- avril. Grâce à la stratégie énergétique de la branche, ces tomates proviendront de manière échelonnée de serres chauffées sans énergie fossile ces prochaines années. Mais la protection douanière n’existe aujourd’hui qu’à partir du 1er juin et même du 11 juin pour les tomates cerises. Selon l’Organisation mondiale du commerce (OMC), une protection douanière serait possible dès le 1er mai dans les deux cas.
Les producteurs suisses qui ont de la marchandise disponible en mai, sont actuellement mis en concurrence avec les importations de l’UE et du Maroc par les grands distributeurs, parfois même à prix égal les tomates suisses ne sont pas achetées par le commerce, une partie doit donc être jetée.
Les exploitations suisses souhaitent verser des salaires équitables aux collaborateurs saisonniers et les investissements dans la protection phytosanitaire et les énergies durables doivent être rentables. Cela n’est pas possible pour le moment avec la libre concurrence en avril et mai avec l’importation de tomates étrangères.
Une motion acceptée à l’unanimité par le Conseil des Etats a été discutée la semaine dernière au Conseil national, elle demandait au Conseil fédéral d’avancer la protection douanière pour les tomates du 1er juin au 1er mai de chaque année, cela pour forcer les grands distributeurs à acheter les tomates produites en Suisse au mois de mai. La gauche et le centre du Conseil national contrairement au Conseil des Etats ont modifié la motion dans le sens d’obliger le dialogue avec les grands distributeurs.
Alors que les discussions durent depuis bientôt 10 ans entre les producteurs et les distributeurs pour avancer cette période de protection de un mois, le Conseil national a décidé en quelque sorte le statu quo, c’est-à-dire la prolongation des discussions et non la protection immédiate des tomates produites en Suisse.
Alors on peut toujours parler de produits de proximité pour limiter les transports, mais des années encore suite à cette décision, vous consommerez des tomates étrangères au mois de mai et des tomates suisses seront encore souvent jetées au printemps.
La gauche et le centre du Conseil national, qui par de nombreuses interpellations prônent le développement durable, en refusant la motion initiale, ils ne suivent pas par les actes leurs nombreuses paroles. Chercher l’erreur !