Nos commerçants en temps de crise
Propos recueillis par Thomas Cramatte | 2020 sera marquée par la crise sanitaire. Que ce soit à l’échelle mondiale ou celle du district Lavaux-Oron, nous avons tous été touchés par les restrictions gouvernementales. Particuliers, commerces, structures médicales, administrations communales et policières, le coronavirus a exigé une adaptation de tout à chacun. Dans chaque édition de notre journal, vous retrouverez une série dédiée aux entreprises du district. Comment ont-elles fait pour s’adapter aux restrictions, maintenir leurs activités, subvenir aux charges et assurer les salaires de leurs employés ? Tour d’horizon des mesures prises en période de semi-confinement et du futur laissant entrevoir une reprise de la société. Nous continuons cette série aux côtés de David Giller. Situé à Chesalles-sur-Oron, il nous ouvre les portes de son atelier de menuiserie, charpente.
Le Courrier: Comment votre entreprise s’est-elle adaptée aux mesures de confinement ?
David Giller : Après l’annonce du Conseil fédéral à la mi-mars mars, nous avons restructuré le fonctionnement de l’entreprise. Avec mon collègue Emmanuel Gremaud, nous avons décidé de décaler les horaires de travail. Ainsi les menuisiers, les charpentiers, les installateurs et les préparateurs en atelier ont évité tout contact inutile. Deux jours d’interruptions ont cependant été nécessaires pour travailler en toute sécurité. La tâche la plus difficile résidait dans l’obtention de solutions désinfectantes pour le nettoyage des machines et des mains. Excepté pour le service moustiquaire, notre atelier n’a fermé que deux jours, en ce qui concerne notre service de moustiquaire, deux semaines de fermeture ont été nécessaires afin de trouver la bonne solution et de rassurer notre clientèle. Depuis les fêtes de Pâques, notre entreprise a repris l’entier de ses prestations à 100%.
95% des entreprises suisses ont eu recours au télétravail. Avez-vous instauré cette pratique et avez-vous dû combler un manque de matériel pour travailler à distance ?
Dans notre domaine, il n’est pas réellement possible de travailler à distance. Les travaux de menuiserie et de charpente nécessitent de la main d’œuvre, le télétravail n’est donc pas compatible avec notre métier. Même pour les tâches administratives, cette pratique de travail à distance est difficile à appliquer. Heureusement, nos bureaux sont suffisamment spacieux pour garantir les normes de sécurité et d’hygiène émises par l’OFSP.
Malgré l’essor du télétravail, avez-vous été contraint d’inscrire une partie de votre personnel au chômage partiel ?
Depuis la mi-mars, chaque jour amenait son lot de nouveautés. Par mesure de précaution, nous avons décidé d’inscrire tout notre personnel au chômage partiel. Mais à ce jour, nous nous félicitons d’avoir été parcimonieux avec cette pratique.
Le Conseil fédéral a annoncé une reprise progressive de la société à partir du 27 avril. Comment envisagez-vous ce retour à la normale pour votre entreprise ?
Avant la période de Pâques, nous avons réellement senti que le pays tournait au ralenti. Pour exemple, le téléphone sonnait à peine deux fois par jour, alors qu’en temps normal, sa sonnerie résonne à de nombreuses reprises. Les faibles courriels réceptionnés à cette période étaient indéniablement une preuve supplémentaire que la région était à l’arrêt. Il y aura certainement un gros ralentissement économique, peut-être pas tout de suite, mais il est important de rester positif. Car personne ne sait de quoi demain sera fait. Pour conclure, nous espérons que cette crise sanitaire déclenchera une prise de conscience. Il est crucial de privilégier les artisans et commerces régionaux, de visiter notre beau pays pendant les vacances afin de soutenir l’économie helvétique.