par Luc Grandsimon | La Grue couronnée (Balearica pavonina) est l’une des figures les plus emblématiques de nombreux parcs animaliers nous explique Philippe Morel, directeur du Tropiquarium de Servion. Elle est considérée comme étant le messager de la paix dans la culture du Kenya. Il existe deux sous-espèces: une grise et une noire, plus rare. Atteignant une hauteur de 1,20 mètre pour une envergure de 2 mètres et un poids de 3 à 4 kg, la grue couronnée possède un plumage gris ou noir qui s’étale sur son corps et son cou. Cet oiseau est reconnaissable grâce à son plumet sur la tête, très caractéristique de cette espèce. Elle est quelquefois confondue avec la Grue royale (Balearica regulorum) qui, elle, n’a que le cou gris pâle. Nous allons vous parler de la Grue couronnée grise (Balearica pavonina pavonina) qui est présente au
Tropiquarium.

Une espèce endémique
La Grue couronnée ne se trouve qu’en Afrique subsaharienne depuis la Sénégambie jusqu’au Tchad. Elle apprécie les habitats alliant herbes et eau comme les rizières, les cultures humides ou les plaines inondées. L’augmentation du trafic agricole ou foncier de ces régions menace toujours plus leur habitat. Menacée de disparition à cause de l’agriculture, du surpâturage, de la construction de barrages géants, la Grue couronnée fait heureusement partie du programme de réintroduction.
De la famille des gruidés, elle fait partie des grands échassiers. Un échassier possède toujours de longues pattes qui lui permettent d’évoluer en marchant dans des eaux peu profondes ou de prendre rapidement de l’élan pour s’envoler. Son régime alimentaire est constitué de crustacés, d’insectes, de batraciens, de mollusques, de poissons, de reptiles et de graines. Les Grues couronnées sont grégaires et leur merveilleuse apparence en fait souvent un animal ornemental. Elles s’établissent en petites colonies de 8 à 10 individus, elles dorment ensemble dans les arbres. L’espérance de vie de la Grue couronnée est de 30 ans en captivité, moitié moins dans la nature.

Une parade nuptiale
envoûtante!
Les mâles et les femelles n’ont pas de signe distinctif, donc pas de dimorphisme sexuel. La période de reproduction des grues couronnées se situe entre juillet et octobre; leur parade nuptiale est envoûtante: les deux oiseaux commencent par incliner leur long cou avant de sautiller, courir et sauter dans les airs, les ailes grandes ouvertes et les pattes tendues.
Les Grues couronnées sont monogames. Le couple construit le nid ensemble et couve à tour de rôle, bien qu’au début la femelle couve davantage que le mâle. La période d’incubation est de 28 à 31 jours. La couvée comporte généralement 2 à 3 œufs.
Les jeunes sont nidifuges, c’est-à-dire qu’ils sont capables de se déplacer seuls rapidement après leur naissance; au bout de 10 semaines ils sont totalement autonomes. Leur maturité sexuelle arrive à l’âge de 4 ans.

«Une grue pas comme les autres…»
«Les Grues couronnées peuvent se montrer très agressives, elles peuvent nous blesser jusqu’au sang avec leurs pattes et leur bec. Et pourtant… une grue s’est prise d’affection pour moi; dès qu’elle m’aperçoit, elle court vers moi et me demande des câlins qui se traduisent par une grattouille dans la nuque. Elle va ensuite me grattouiller délicatement la tête avec son bec: je n’ai pourtant rien fait de particulier pour mériter cela. J’ai toujours eu des grues, depuis 30 ans maintenant, mais celle-ci est la première à se comporter aussi familièrement.»