Nina Rubattel, 16 ans et déjà championne de vélo trial
Après une victoire en coupe suisse à domicile, la jeune Oronaise déjoue les obstacles… sans poser pied à terre. Elle vise notamment les Jeux mondiaux de la jeunesse. Rencontre.
Le foot ou le basket ? Très peu pour Nina Rubattel. Ce qui la fait vibrer, ce sont les obstacles, les équilibres précaires, la concentration et le goût du défi. Le vélo trial, c’est son univers, un monde à part où il ne s’agit pas d’aller vite, mais d’être précise et audacieuse, le tout sans poser le pied. Et Nina, elle adore ça.
Cette pratique ne lui est pas venue par hasard. Elle a commencé à 8 ans, après une initiation organisée lors du passeport vacances à Oron. Elle ne connaissait rien à ce sport de niche, elle n’en avait même jamais entendu parler, mais elle a tout de suite accroché : « J’ai su immédiatement que je voulais continuer. Me perfectionner pour ressentir encore et encore ces sensations. En gros, mon objectif est d’avoir un maximum de plaisir », explique-t-elle avec assurance.
Une passion précoce et un casque vissé sur la tête
En y repensant, son entourage n’est pas surpris par ce choix de sport. « Avant d’avoir trois ans, elle dérapait déjà sur sa draisienne. Elle vivait avec son casque, refusait même de l’enlever lorsqu’elle jouait dans le jardin », se souvient sa maman. Dès 2017, juste après le passeport vacances, elle intègre un club de vélo trial de la région, l’un des rares en Suisse romande à proposer une structure d’entraînement régulière. A l’époque, elle est la seule fille parmi les jeunes. « C’était un peu intimidant. Mais depuis, ça a évolué, il y a davantage de filles. Le trial reste masculin, mais les choses bougent. »
Aujourd’hui, Nina s’entraîne plusieurs fois par semaine, malgré un emploi du temps chargé. Elle est en apprentissage d’employée de commerce à la commune d’Oron et prépare en parallèle une maturité professionnelle. « Le travail passe en premier. Mais dès que j’ai un moment, je prends mon vélo et je file m’entraîner. Le trial, c’est mon échappatoire. Dès que je suis sur le vélo, je ne pense à rien d’autre. Je suis dans une sorte de bulle. »
Et les résultats sont là. Fin juin, elle remporte la manche de la Coupe suisse chez elle, à Oron. Le samedi, elle s’impose chez les juniors dames (15-18 ans). Le dimanche, elle roule, ou saute plutôt, avec les cadets, une catégorie mixte plus relevée, et y décroche la deuxième place. Avec tout ça, elle obtient le titre national. « Je suis championne suisse, ça fait drôle à dire ! Je suis hyper contente. »
Cap sur l’Espagne
Loin de se reposer sur ses lauriers, elle se projette déjà sur la suite. En juillet, elle participera à un camp d’entraînement intensif pour se préparer aux Jeux mondiaux de la jeunesse, qui auront lieu à Vic, en Espagne, du 25 au 27 de ce mois. Une compétition internationale de référence qu’elle connaît déjà, puisqu’en 2024, elle y avait décroché un podium. « C’est ma compétition préférée jusqu’ici. »
Mais le vélo trial n’est pas un long fleuve tranquille. Les chutes font partie du quotidien. Son tibia droit en garde des traces : cicatrices, croûtes, retour de pédale mal maîtrisé… « C’est un sport exigeant physiquement. On tombe, mais on apprend ». Elle a aussi connu une frayeur bien plus sérieuse. Lors d’un entraînement à côté de chez elle, son guidon en carbone casse net à la réception d’un saut et se plante dans son ventre. « L’artère fémorale a été touchée. Ambulance, urgence, opération… Je n’ai pas réussi à regarder », se remémore sa mère. Aujourd’hui, Nina en rit un peu : « Depuis, j’évite les composants en carbone. »
Malgré les obstacles, au sens propre comme au figuré, elle garde sa motivation intacte. Elle s’entraîne parfois autour de chez elle, mais surtout au club. L’équipement est minimaliste : un vélo léger, sans selle, conçu pour la maniabilité. Et pas besoin d’un énorme budget. « Même si le trial est affilié à l’Union cycliste internationale (UCI), il reste peu médiatisé. Les primes sont faibles par rapport aux autres disciplines cyclistes. Mais ce n’est pas pour ça qu’on roule. »
Le plaisir avant tout, bien plus que les podiums
Ce qu’elle aime dans le trial, c’est le défi personnel, la précision, l’endurance mentale. « J’aime mieux le trial que le BMX. Pourquoi ? Je ne sais pas. J’aime juste mieux ». Son objectif reste simple : progresser, s’amuser, repousser ses limites. « Ce que je veux, c’est grimper l’obstacle, atteindre le sommet, et redescendre sans faute ».
Pour sa maman, c’est surtout une belle leçon de caractère. « Je suis fière qu’elle fasse ce sport. C’est un milieu exigeant, pas évident pour une fille au départ. Il faut de la volonté, de l’audace. Et Nina en a à revendre. »