Ne tirez pas sur Le Messager
Il n’est jamais agréable de voir un titre de presse disparaître. Le Messager était, un peu, notre « concurrent ». Il me plaisait de dire que la population de la Haute-Broye était pourrie gâtée d’avoir deux hebdomadaires qui traitaient sensiblement de la même région. Et c’était vrai.
Basé à un jet de pierre l’un de l’autre, nous étions sur un autre continent. Qu’il soit question de canton ou de culture, nous étions différents, si peu, mais clairement. La différence la plus notable consistait en une certaine indépendance. Si Le Messager appartenait au groupe St-Paul qui centralise d’autres remarquables titres tels La Liberté, La Broye ou La Gruyère, Le Courrier n’a toujours appartenu qu’à lui-même ; une rédaction et une équipe ancrée dans le sol du district, fiers habitants des divers villages et communes dont elles relataient le quotidien. Un lien fort avec son lectorat, et une ligne éditoriale doucement évolutive… une stabilité réconfortante depuis 75 ans (Venez nous voir au Comptoir !!!).
Le modèle économique du Courrier est bien évidemment d’une indépendance toute relative, puisque liée à ses annonceurs et autres partenaires locaux. Ce n’est certes pas la panacée, mais c’est le moins pire, et le plus pérenne à ce jour. Entre la dépendance à un grand groupe de là-bas, ou aux instances d’ici, le choix est vite fait… pour peu qu’une ambition démesurée ne vous gangrène pas la tuyauterie !
« Quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brule ». Ce titre plus que centenaire pose la question de la proximité. Celle de l’information locale, celle qu’aucune agence de presse ne relaye jamais, celle de vies et de villages.
Le Messager s’éteint, et nous le regretterons sincèrement. Entre confrères, il n’y a pas de concurrence… tout au plus une petite et saine course à l’information. Une lutte confraternelle et éternelle pour savoir lequel de ses enfants est le plus aimé.
Salut frangin !