Métalcolor – A Forel, on peint 15 millions de m2 d’alu par année
Peindre sur de l’aluminium n’est pas une tâche aussi simple qu’on ne le pense. Dans la zone industrielle de Forel, Metalcolor s’est spécialisée dans le « coil coating ». L’aluminium y entre gris et en ressort recouvert d’une couche de protection colorée.

Dans un hangar grand comme un terrain de football, des centaines et des centaines de bobines d’aluminium attendent leur départ pour les quatre coins d’Europe. Elles se retrouveront sur vos stores, dans vos fenêtres, vos cuisines ou vos voitures ou sur les gouttières de vos maisons. Bref, vous êtes bien susceptibles d’avoir déjà été en contact avec les produits de Metalcolor. L’entreprise est spécialiste en application de peinture en continu sur aluminium.
Implanté dans la zone industrielle de Forel depuis 1982, l’entreprise s’est fait sa place au soleil sur le marché du « coil coating », recouvrement de bobine, en français dans le texte.
Fournisseur principal sur le marché du store à lamelles européen, Metalcolor envoie d’ailleurs 93% de ses produits à l’étranger, surtout en Allemagne. C’est là que se trouvent de nombreux fabricants de stores à lamelles.
Des machines de 250 mètres
C’est d’abord par une étape de dégraissage et de nettoyage intense que passent les rouleaux d’aluminium d’une largeur maximale 125 centimètres, avant d’être séchés et peints avec un revêtement en polyuréthane ou polyester, dont la couleur a été spécialement préparée par les employés de Metalcolor. Dans un laboratoire digne d’un alchimiste, tel Dexter entouré de ses fioles bigarrées, le spécialiste couleur mélange plusieurs tons pour respecter les codes couleurs demandés par le client. Après l’induction de couleur, la bande d’aluminium passe dans un four à environ 300 degrés qui va fixer le produit, puis dans un sas de refroidissement. Les bandes d’alu colorées, enfin sorties d’une ligne de peinture de 250 mètres de long, elles sont coupées, triées, et envoyées. « Ce qui démarque Metalcolor, c’est cette habileté à faire des produits très très adaptés à la demande du client en termes de services, avec des délais de livraison très courts », explique Numa Garcia, responsable communication de l’entreprise. « Mais on nous apprécie aussi pour la transparence de nos prix et notre engagement environnemental. »
Circuits courts et énergie recyclée
L’environnement est au cœur des préoccupations de la direction de Metalcolor. En plus d’utiliser de l’aluminium, qui est par définition un produit recyclable, l’entreprise s’est engagée à n’utiliser que de l’énergie renouvelable. 5700 mètres carrés de panneaux solaires couvrent 33% de leurs besoins électriques.
Depuis 2008, elle s’est engagée dans la réduction du carbone pour respecter les objectifs de la Confédération, et en 2019, des installations de récupération d’air chaud ont été mises en place, à l’aide de chambres en céramique qui vont permettre de garder l’énergie et de la réinjecter dans les fours. Un chauffage qui sera également utilisé pour toute l’infrastructure et les bureaux.
« On est déjà dessus depuis les années 2000 », explique le directeur général Deny Kaba. « Après l’achat de notre premier four en 2002, avec une meilleure régulation de la concentration de solvants, je me suis rendu compte que nos factures de gaz avaient énormément baissé et qu’il y avait un potentiel important. Et puis, c’est aussi une volonté personnelle. » En 2000, 2.18 kilowattheure de gaz étaient nécessaires pour fabriquer un kilo d’alu. Aujourd’hui, le chiffre tourne autour des 0.47.
Metalcolor cherche également à réduire l’empreinte environnementale de l’expédition de ses bobines en encourageant ses clients à renoncer aux emballages plastiques. Pour l’instant, pas tous n’ont encore accepté.
Vers une amélioration continue
Mais l’impact environnemental n’est pas le seul aspect des activités que Metalcolor cherche à améliorer. Depuis plusieurs années, l’entreprise forelloise travaille à s’améliorer avec l’aide du concept japonais Kaizen, traduit en français par « amélioration ». Objectif: un pas après l’autre, rendre les processus de travail plus lisses, plus pratiques. « Etablir une facture, par exemple », explique le directeur. « Ça n’a aucune valeur ajoutée de le faire faire par une personne physique. Il faut que l’ordinateur s’en charge pour que nos employés puissent faire quelque chose qui a plus de valeur ajoutée. Le monde bouge. Il ne faut pas rester immobile, sinon c’est la mort. »
Aujourd’hui, avec ses 90 employés, Metalcolor est leader sur le marché européen. « On est pas les moins chers », admet Denys Kaba. « On ne veut pas être les moins chers. Parce qu’on offre un certain service. »