Megève: un orchestre de jazz vaudois classé deuxième
Colette Ramsauer. |. L’orchestre traditionnel «Blue Mountain Jazz Band», composé de cinq musiciens de la région lémanique, se classe 2e au Megève Jazz Contest 2017.
Public dense et enthousiaste
A l’instar de la station alpine de Verbier invitant chaque année la musique classique, la station chic et authentique de Megève, Haute-Savoie, depuis 1993, s’ouvre chaque été à la musique de jazz. A mi-juillet dernier, le Megève Jazz Contest, 24e édition, recevait 14 ensembles sélectionnés, français pour la plupart. Ils se sont produits devant un jury de spécialistes et face à un public dense et enthousiaste.
Années 25 à 35
Le «Blue Moutain Jazz Band» créé en 1996 par Xavier Koeb a réussi, par sa bonne humeur, ses arrangements originaux et le choix de pièces peu connues, à convaincre le jury dirigé par Poumy Arnaud, ultime batteur de Sidney Bechet. Composé de René Lambelet (tuba), Roland Pellet (batterie), Jean- Paul Hautier (saxophone), Léonard Müller (clarinette) et Xavier Koeb (banjo), l’ensemble joue un jazz stimulant et joyeux des années 25 à 35, avec à leur répertoire des pièces de Hoagy Carmichael, Nick La Rocca, Clarence Williams, Bix Beiderbecke ou encore Sidney Bechet. Les sélections passées, les musiciens font traditionnellement un bœuf, ou jam session, dans les cafés et restaurants de la station, créant une ambiance exceptionnelle. Bravo au Blue Moutain Jazz Band pour sa 2e place au concours de Megève! Les amoureux de leur musique auront certainement l’occasion de les entendre en Romandie, souhaitons-le au prochain Cully Jazz.
Nouveau CD disponible: «Live» enregistré à Chorus, Lausanne
Visible sur You Tube: Concerts «La Sportive» Genève 2015 + BMJB – 2017 – Concert de Lully.
Ces impromptus qui font le boeuf
X.K. | Musicien et fondateur du Blue Mountain Jazz, Xavier Koeb raconte une soirée inoubliable: «Notre orchestre figure parmi les finalistes et décide de fêter ça. Au fond du quartier St-Paul, le bistrot est quasi désert. Personne sur la petite terrasse. On s’installe et le banjoïste fredonne l’air de Buddy’s Habits, rapidement rejoint par la clarinette et le soprano. Un client offre une tournée de génépi. Quelques promeneurs ralentissent le pas. Un jeune tromboniste, Théo, vient nous rejoindre. Puis un bassiste apparaît, puis un autre soprano, Rémi, puis un batteur. Notre tubiste finit par monter à l’hôtel chercher son lourd instrument. Le public s’étoffe, des danseurs se lancent sur la petite estrade. Le patron offre à boire. D’autres musiciens arrivent encore. Notre clarinettiste Léo doit diriger ce boeuf très bien nourri. Distribuant les soli, marquant les breaks. Les anches font des riffs, les trombones répliquent, même la basse acoustique prend un solo. L’ambiance et la qualité sont magnifiques. Et tout à coup, Monsieur Irakli, l’immense trompettiste français en personne, se joint à la jam. Il entame un Black and Blue émouvant, discrètement soutenu par la quinzaine de musiciens présents. La place est noire de monde. Toutes les tables sont occupées. La joie se lit sur les visages. C’est l’euphorie. Après deux ou trois thèmes classiques, on décide d’arrêter sur la plus belle impression. Les musiciens, le public, les danseurs, le patron du St-Paul, les habitants du quartier ont joué le jeu. Voilà l’esprit génial de Megève»