Médiation – Le 6 et le 9
Dans un monde où l’opinion individuelle occupe une place prépondérante, il est facile de tomber dans des conflits d’interprétation. L’un des exemples les plus parlants de cette mésentente est la célèbre image de deux personnes se tenant face à face, chacune observant un même chiffre au sol.
Pour l’une, ce chiffre est un 6, pour l’autre, il est un 9. Qui a raison ? Qui a tort ? Les deux parties sont-elles réellement en désaccord ou simplement victimes de perspectives différentes ?
Cette situation symbolise parfaitement les conflits où chacun est persuadé de la véracité de son point de vue, oubliant parfois de considérer l’angle de l’autre. En apparence banale, cette situation illustre un problème profond, qui est la difficulté de communiquer et de comprendre l’autre lorsqu’on est convaincu de sa propre vérité.
La médiation est l’art de construire des ponts là où les dialogues semblent rompus. Quand deux personnes se trouvent dans la situation de ce fameux « 6 ou 9 », la médiation permet de rappeler que l’interprétation dépend souvent du point de vue de chacun. Ce qui paraît clair à l’un peut sembler tout aussi clair, mais différent, à l’autre. En tant que médiateur, je joue le rôle crucial de celui qui fait prendre du recul, offrant à chaque partie une vision plus large du problème. Mon rôle n’est pas de déterminer qui a raison ou qui a tort, mais de créer les conditions pour que les parties puissent se comprendre mutuellement.
Il est souvent dit que les conflits naissent non pas tant des faits, mais des interprétations que nous en faisons. Un simple chiffre, posé au sol, peut provoquer une dispute, non pas parce que ledit chiffre est problématique, mais parce que l’angle sous lequel il est observé diverge. Les vérités ne sont pas toujours absolues et la réalité d’une situation peut avoir plusieurs facettes.
En médiation, dans l’exemple du 6 ou du 9, chaque personne pourrait exprimer pourquoi elle tient tant à son interprétation. Peut-être que l’une associe ce chiffre à un souvenir particulier et l’autre peut être motivée par un besoin de reconnaissance. Mon rôle est d’aider à mettre en lumière ces éléments personnels, souvent plus significatifs que le désaccord apparent.
Au lieu de forcer un compromis où chacun abandonne une partie de son point de vue, la médiation propose souvent une approche collaborative. Dans notre cas, les deux personnes pourraient convenir que, selon leur position, le chiffre est effectivement un 6 et un 9 en même temps. Ainsi, au lieu de s’opposer, les parties en viennent à reconnaître la validité du point de vue de l’autre tout en conservant leur propre perception.
La médiation enseigne que, dans de nombreux conflits, il n’y a pas de solution unique ou universelle. Cette approche ne résout peut-être pas tous les conflits, mais elle crée un terrain fertile pour le dialogue et l’ouverture, où chacun peut trouver sa place sans que l’autre n’en soit exclu.
L’image du 6 et du 9 est une métaphore puissante des conflits. Lorsque deux personnes se trouvent face à face, avec des points de vue opposés, elles sont souvent convaincues de la justesse de leur perception. Pourtant, il est possible d’élargir la perspective, de comprendre les motivations de l’autre et de trouver un terrain d’entente. En invitant à la compréhension mutuelle, la médiation transforme ce qui semblait être un simple désaccord en une opportunité de dialogue.
Laurent Damond, avocat