Les gardiens du peuple des rivières
«Le pêcheur au bord de l’eau, abrité sous son chapeau, est heureux et trouve la vie belle.» Ces paroles fredonnées il y a quelques décennies par Bourvil pourraient être celles des membres de la section Haute Broye de la Société vaudoise des pêcheurs en rivières (SVPR), qui se retrouvent hebdomadairement dans une cabane entretenue avec amour, lovée dans un joli coin de forêt, au bord de la Broye, le drapeau hissé et le poêle à bois ronronnant à l’intérieur.
Après des hauts et des bas, la section Haute Broye a retrouvé ses couleurs
Fondée en 1908, cette société a survécu grâce à la ténacité du regretté Marcel Genoud qui l’a tenue à bout de bras en assurant tout à la fois le secrétariat et les travaux. En 2009, le président actuel, Thierry Muser, apporta un élan bienvenu auquel s’associa un petit noyau de membres motivés. La cabane qui se délabrait retrouva fière allure. Des travaux d’aménagement aux alentours de celle-ci en font un endroit convivial où il fait bon se rassembler pour le pique-nique ou les grillades. Tables, bancs, réserve de bois à disposition et petit centre de récupération pour les déchets font le bonheur des familles, des groupes ou du simple promeneur. Il faut dire que tout au long des saisons, la nature pare l’endroit de couleurs et de parfums: l’ail des ours, la violette ou l’anémone qui se mire dans les eaux fraîches.
Assurer l’approvisionnement des rivières en truites
Hormis un travail d’entretien et d’accueil, la section Haute Broye a transformé les 80 mètres des anciens canaux de la scierie de Palézieux en ruisseau pépinière. Début mai, 5000 alevins de la truite fario d’une grandeur de 1.5 cm y sont déposés. 2000 d’entre eux vont évoluer dans la partie visible des canaux, simplement protégés des prédateurs tels que le héron par un treillis, et les autres iront grandir dans le secteur naturel. Fin septembre, alors qu’elles atteignent de 6 à 8 cm, elles sont remises dans les ruisseaux où elles feront face à leurs ennemis et particulièrement aux truites plus grosses, pour qui le cannibalisme permet tout à la fois de se remplir l’estomac et de défendre leur territoire contre une congénère intrusive. Tout au long des cinq mois passés dans le canal, elles sont sous la surveillance indéfectible de Michel Thierrin qui vient tous les jours les nourrir, s’assurer de la qualité et de la température de l’eau, de l’air et qu’aucune pollution n’est à déplorer. Grâce à la forêt qui permet de garder une bonne fraîcheur même au plus chaud de l’été, l’endroit se prête à merveille à cette activité à laquelle les pêcheurs sont très attachés. Depuis cette année, l’Etat de Vaud délègue aux sections locales le repeuplement des cours d’eau sur leurs territoires respectifs. C’est ainsi que Haute Broye distribuera 16’000 alevins produits à Echallens, dans 10 points définis conjointement sur le territoire d’Oron et Maracon. Ces salmonidés se nourriront de petites grenouilles, crevettes, poissons, etc. et finiront peut-être au bout d’une canne à pêche, perdus par leur voracité, si leur taille atteint les
24 cm réglementaires.
Des travaux d’entretien et des projets de promotion pour partager la passion de la pêche
Hommes de terrain, les pêcheurs ont une excellente relation avec le garde pêche, tout comme avec les promeneurs avec lesquels ils partagent volontiers un moment et leur savoir. L’endroit est bien respecté relève Thierry Muser, qui a plusieurs projets pour mieux faire connaître la rivière et ses habitants au grand public: un sentier didactique, une collaboration renforcée avec les écoles, entre autres.
Pour assurer la pérennité de la section, la vingtaine de membres met la main à la pâte afin de nettoyer et effectuer les divers travaux d’entretien. L’entente y est cordiale et de nouvelles recrues y sont les bienvenues. Une aide financière leur est fournie par une septantaine de membres amis qui versent une cotisation minimum de Fr. 20.–/an. Les adhérents sont invités annuellement à un apéritif suivi d’une grillade et peuvent ainsi dialoguer avec les pêcheurs.
Même si le nombre des pêcheurs est en régression, les écoles de pêches sont un excellent vivier pour les enfants qui se rapprochent ainsi de la nature. Les sociétés de pêches de par leur travail et leur surveillance assurent que l’on puisse continuer à trouver du poisson dans nos rivières et transmettre ce plaisir aux plus jeunes, conclut le président.
Contact: 079 442 64 78 ou thierry.muser@bluewin.ch
Gil. Colliard