Les bougies
Georges Pop | Les réjouissances de Noël et de Nouvel An sont une lucrative bénédiction pour les confectionneurs de bougies. Elles partent comme des petits pains pour orner et faire briller les tables festives, les couronnes de l’Avent ou encore les sapins. Il n’y pas si longtemps pourtant, elles étaient synonymes de luxe. Le mot bougie est tout bêtement la transcription française de la ville algérienne de Béjaïa, en Kabylie, célèbre jadis pour sa production de cire. Le mot a émergé dans la langue française au XIVe siècle, après l’apparition des premiers cierges (du latin cereus = en cire) en cire d’abeille. Ils étaient hors de prix et seuls la noblesse, le clergé et les bourgeois les plus nantis pouvaient s’en payer quelques bouquets. Dans les foyers plus modestes, pour s’éclairer, on avait recours à des lampes à huile, qu’il fallait alimenter en permanence et dont la mèche charbonnait fréquemment, ou plus fréquemment, depuis le Moyen-Âge, à des chandelles façonnées autour d’une tige de jonc trempée dans de la graisse animale et qui brûlaient en fouettant les narines et en dégageant une âcre fumée noire. L’apprentissage d’un artisan chandelier durait alors six bonnes années et la corporation était placée sous le patronage de Saint Nicolas, précurseur et concurrent du Père Noël. De nos jours, seule une poignée d’artisans nostalgiques produit encore de gracieuses bougies en cire, parfois délicatement parfumées. La plupart de celles que l’on achète dans le commerce sont filles de la chimie, modelées dans un mélange de paraffine, issue du raffinage du pétrole, et de stéarine, une huile végétale fréquemment issue d’une huile de palme produite sur les vestiges des forêts tropicales. Il faut juste le savoir pour choisir ses bougies avec lucidité ; un mot qui découle du latin luciditas qui veut dire … clarté !