JPG | Depuis les temps immémoriaux, la région connaît la préparation de la cougnarde (voir ci-dessous) et plus tard de la raisinée. Et depuis plus de vingt ans la famille de Roger Diserens s’applique, un week-end d’octobre, à préparer une raisinée de derrière les fagots, appelée aussi vin cuit. En parlant de fagots, il faut comprendre le stère de bois nécessaire à la réduction d’environ 500 litres de jus de pommes contenu dans un rutilant chaudron de cuivre. Préalablement, il a fallu cueillir 700 kg de pommes. Mais pas n’importe quelle pomme puisqu’il s’agit de la Doucette, qui comme son nom l’indique n’a pas d’âpreté et convient parfaitement à la future raisinée.
Ce 17 octobre, c’est sous un couvert de la maison familiale que Roger et son fils Philippe recevaient leurs hôtes autour du chaudron. En effet, tout aussi traditionnellement, c’est un moment de rencontres et de convivialité pour tous les amis et connaissances venus «concélébrer» l’événement. Les dames de la famille, avec Denise en vraie maîtresse de maison, ont mis la main à la pâte pour satisfaire les appétits des participants pour plusieurs heures. En effet, le temps de cuisson, sur un feu minutieusement entretenu et contrôlé, peut durer de 17 à 36 heures. La raisinée 2015, selon Roger, devrait être prête en début d’après-midi du lendemain. Une pièce de Fr. 5.– tinte au fond du chaudron, témoin d’un bouillonnement approprié. Il est important que le jus ne déborde pas et n’attache pas, surtout en fin de cuisson. Ainsi, Roger et Philippe se relaient auprès du foyer pour mener à bien la préparation avec leur expérience et savoir-faire. Aussi, soupes rustiques, confections pâtissières salées et sucrées accompagnent boissons chaudes et froides, quelquefois apportées par les visiteurs aux bras courbes. En plus d’une cohorte des Brigands du Jorat venus pacifiquement, un petit groupe de la Fanfare de Grandvaux jouait des mélodies populaires appropriées.
Après ces longues heures d’attente, les quelque 500 litres seront devenus une cinquantaine de litres de raisinée, essentiellement consommés sous forme de gâteaux délicieux dans nombre de foyers de la région, informés de la production par le bouche à oreille ou… par Le Courrier ! Le vin cuit, conditionné en bouteille, est parfaitement stable et peut se conserver plusieurs années.
Merci aux deux familles de leur accueil généreux.