Le sarcleur de la vigne a fait son temps

Gérard Bourquenoud | Allongée entre deux lacs, la presqu’île du Vully était connue jadis pour la richesse de sa vigne. Elle l’est encore de nos jours. A une certaine époque, vu les maigres récoltes du vignoble, certains vignerons s’étaient tournés vers la culture maraîchère qui assurait un meilleur rendement. Et rebelote il y a quelques décennies, ne pouvant faire face à la concurrence toujours plus forte, ils ont été contraints d’abandonner la culture des légumes pour faire place à des champs de maïs et des jardins potagers privés. Mais le vignoble a survécu et fait encore l’orgueil du Vullierain. La pierre dure étant rare dans cette région fribourgeoise, les parchets ne sont pas soutenus par des murs comme dans le Lavaux, mais par des bancs naturels de molasse et des tertres. Durant fort longtemps, le travail de la terre dans les vignobles était effectué avec de simples outils et à la force humaine, tel que ce viticulteur qui utilisait un sarcloir appelé aussi le fruste et ancestral fossoir qui, durant des siècles, a remué le sol des vignes. Cette activité était pénible, car le vignoble est situé sur le versant escarpé du Mont-Vully, lequel se mire dans le lac de Morat, situation par contre favorable à la maturation du raisin. Sans prétendre rivaliser avec les grands crus de Lavaux et du Valais, les vins du Vully à la saveur et au goût bien marqués du terroir, ont toujours tenu leur place dans la gamme des vins romands. Au fil des ans, les vignerons devenus oenologues qualifiés, ont nettement amélioré la qualité de leur production qui, aujourd’hui, propose d’excellents vins très prisés par les Alémaniques et la cité de Morat dont la bourgeoisie est propriétaire d’un domaine
viticole dans le Vully.