Le paradoxe de l’apéro
La chronique de Denis Pittet

Du 8 mars au 17 mai 2026 (au pire) se dérouleront les élections communales générales vaudoises. Ça fait rêver, n’est-ce pas ?
Le samedi 17 mai dernier, le PLR lausannois a lancé sa campagne. Et comment lance-t-on une campagne ? En organisant un a-pé-ri-tif ! Ça fait rêver (bis) n’est-ce pas ? Malgré tout le respect que j’ai pour les traditions et pour l’apéritif, ce manque aussi total que cruel d’imagination de la part des partis (car le PLR ne sera pas le seul à boire des verres de blanc) me désole. Il suffit de parcourir les réseaux sociaux pour voir des photos de cet apéro PLR du 17 mai dernier et constater… qu’on est entre soi, l’air satisfait pour ne pas dire replet et surtout entre convaincus et acquis à la cause. Donc l’apéro reste un apéro et en aucun cas un outil de combat politique. Je me dois de préciser à ce stade que je tombe sur le dos de ce pauvre PLR lausannois mais que les autres partis n’ont ou n’auront rien à lui envier.
Le paradoxe de l’apéro est qu’il se répète année d’élection après année d’élection. Une petite recherche uniquement à titre d’exemple m’a conduit à… « La Nouvelle Revue de Lausanne » du 19 septembre 1985. On y trouve un petit texte. A l’époque (avant la Constituante) les élections avaient lieu en automne (octobre à décembre) et tous les 4 ans. Cela a changé depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle Constitution vaudoise le 14 avril 2003. Que dit ce petit texte ? Il convie « tous les radicaux lausannois à un apéritif (!) le 26 septembre 1985 à partir de 18h au Cercle démocratique. Les 3 candidats à la Municipalité sont spécialement invités ». Don’t acte.
Or donc, 40 ans plus tard, on prend les mêmes (enfin, 3 PLR) et on recommence une campagne. On refait un apéro, on se rassure parmi, on se congratule et on s’encourage. Ça, c’est pour la forme. Mais le fond ? Eh bien le fond, c’est que des candidats qui dans leur communiqué de presse du 28 mai dernier titrent « Le PLR entre en campagne pour offrir du changement à Lausanne » s’appuient pour lancer leurs messages sur une tradition ancestrale qui est tout sauf du changement. Y’a comme un hiatus.
Je me suis livré à un autre petit exercice : j’ai retrouvé les thèmes de la campagne des communales 1993 à Lausanne : approvisionnement énergétique ; transports en commun ; faire de Lausanne une ville olympique ; ne pas faire fuir les hauts revenus ; aider les sans-abris et les toxicomanes ; rétablir les finances communales ; politique du stationnement ; politique culturelle ; aide aux chômeurs ; effort en faveur des entreprises ; lutte contre le bruit ; création de logements. Vous rendrez à César ce qui est à César mais soyez prudents, vous pourriez être surpris.
Surpris ? Plus de 30 ans après, tous ces thèmes seront repris par tous les candidats et pas qu’à Lausanne . Comme l’apéro dans le fond…