La petite histoire des mots – Stress
Par Georges Pop
Eperdue de bonheur, après avoir conquis le titre de championne d’Europe du 200m, l’athlète bernoise Mujinga Kambundji a confié à la presse qu’elle était « bien stressée, mais pas trop », avant le coup d’envoi de l’épreuve.
Le mot « stress » définit de nos jours une situation de tension nerveuse, parfois excessive, potentiellement traumatisante pour l’individu. Bien que d’origine anglaise, et souvent qualifié d’anglicisme dans les dictionnaires, ce mot est d’origine latine, puisqu’issu du verbe « stringere » qui signifie « rendre raide », « serrer », ou encore « presser ». Il aurait même été emprunté par l’anglais, en le simplifiant, vers la fin du Moyen Âge, au vieux français « destresse », également dérivé de « stringere », d’où est issu le mot « détresse », qui désignait une gêne ou une contrainte.
Ce mot prit un sens médical, d’abord en anglais, puis en français, au milieu du XXe siècle, à l’initiative de l’endocrinologue canadien d’origine hongroise Hans Selye, fondateur et directeur de l’Institut de médecine et chirurgie expérimentale de l’Université de Montréal. Celui qui est aujourd’hui considéré comme le père de la recherche sur le stress publia en 1956, « The stress of life » (Le Stress de la vie), un ouvrage dans lequel il décrit l’ensemble des modifications qui permettent à l’organisme humain de supporter les conséquences d’un traumatisme naturel ou post-opératoire. Dans les année 1970, Il publia encore deux livres : « Stress without distress » (Le Stress sans détresse), puis son autobiographie sous le titre « The stress of my life » (Le Stress de ma vie). On sait aujourd’hui que le stress est déclenché par le cerveau quand celui-ci perçoit une menace. Il permet, par exemple, d’améliorer une performance, comme ce fut le cas pour Mujinga Kambundji, en stimulant les battements du cœur pour en¬voyer plus de sang vers les muscles, ce qui donne plus de force pour une compétition sportive.
En situation de stress contenu, le cerveau mémorise mieux et est plus attentif à ce qui se passe autour de lui. Mais si le stress est trop intense ou qu’il dure trop longtemps, il peut devenir paralysant pour le cerveau, et épuisant pour le corps qui devient ainsi plus sensible aux infections et aux maladies. Un stress immodéré se manifeste par de la nervosité, de l’irritabilité, une tension générale, s’associant à des risques de troubles digestifs, d’insomnies, de phobies, d’anxiété et de dépression. Il convient de pas confondre le stress avec le trac qui est une forme d’anxiété passagère associée à la présence d’un public. Selon Allan Pease, un expert australien du langage corporel, « En période de stress, les femmes parlent sans réfléchir alors que les hommes, eux, agissent sans réfléchir ». Allan Pease et son épouse Barbara ont écrit 18 best-sellers dont les plus célèbres sont : « Pourquoi les hommes n’écoutent jamais rien et les femmes ne savent pas lire une carte routière ? » et « Pourquoi les hommes mentent et les femmes pleurent ? ». Il paraît que ces deux livres, et d’autres, ont été lus par Vladimir Poutine qui a rencontré Allan Pease en 1991, alors qu’il n’était qu’un simple agent du KGB. Le président russe s’inspire-t-il du savoir de Pease pour mieux manipuler ses interlocuteurs ? La question reste ouverte…