Renard
Georges Pop | Il n’est pas rare en cette saison, au lever ou au coucher du soleil, de croiser un renard courant à travers champ ou rôdant en pleine nuit en ville à la recherche de nourriture. Ponctuellement, les automobilistes passent aussi à côté de la dépouille de l’un de ces animaux gisant pitoyablement au bord de la route après avoir été heurté par un véhicule. La faune sauvage paie un lourd tribut à la mobilité des hommes. L’Office fédéral de l’environnement (OFEV), qui ne recense que les «grands» animaux, nous apprend que chaque année en Suisse, plus de 19’000 chevreuils, sangliers, blaireaux, cerfs, lièvres et renards sont victimes de la route. L’automobile est un prédateur infiniment plus vorace que les quelques lynx ou loups dont la présence soulève tant de passions. Pour en revenir au mot renard, son histoire est assez cocasse. Jusqu’au Moyen-Age, ces petits canidés malins et agiles étaient appelés goupils (gulpils en ancien français issu du bas latin vulpiculus). Au XIIe siècle, le goupil le plus célèbre portait de nom de Renart. Ses aventures, réunies aujourd’hui dans le Roman de Renart, récit animalier écrit sans doute par plusieurs auteurs, étaient contées notamment dans les foires par les jongleurs. Ces histoires étaient une parodie sociale. Selon certaines interprétations, le petit peuple voyait en Renart un de ses représentants prêt à toutes les malices pour survivre. C’est ainsi que son nom finit par désigner tous les goupils. A la fin du XVIe siècle, un d s’est substitué au t final. De nos jours, le mot désigne non seulement l’animal mais aussi un individu malin ou particulièrement roublard. A priori peu fréquentable en affaires !