Parasite
Georges Pop | Il y a deux semaines, en pleine campagne sur l’initiative No Billag, le conseiller national Roger Köppel (UDC/ZH), qui est aussi le rédacteur en chef de la Weltwoche, a déclaré que les journalistes de la SSR étaient des parasites. Vétéran du service public et encore actif pour quelque temps comme parasite à la RTS, l’auteur de cette modeste chronique, soumis comme ses collègues au devoir de réserve inhérent à sa fonction, se doit de s’abstenir publiquement de débattre de cette sentence. Mais il garde le privilège d’examiner l’ascendance et les nuances de ce terme dépréciatif dont l’a gratifié son confrère des bords de la Limmat. Le mot parasite est pour le moins péjoratif. Il désigne aujourd’hui un pique-assiette, un écornifleur, une sangsue, une tique ou tout organisme vivant qui se perpétue aux crochets d’un hôte passif ou impuissant. Il fut un temps, cependant, où le parasite jouissait d’un certain… respect! Le mot nous vient du latin parasitus, lui-même dérivé du grec παράσιτoς (parasitos) que l’on peut traduire par celui qui prend la nourriture à coté de… Le terme à l’époque n’avait rien de désobligeant. Du temps des Grecs et des Romains, le parasite était un prêtre chargé de prendre soin des offrandes faites aux dieux. A ce titre, il était souvent invité à partager la nourriture des sacrifices et à prendre part aux banquets ou aux repas communs. Chez les Grecs de l’Antiquité le terme désignait aussi un compagnon inséparable et chez les Latins il était synonyme d’hôte et d’invité. Le mot s’est cependant progressivement dégradé, sans doute en raison de la multiplication des écumeurs de table sans scrupules. Dans le langage scientifique, le terme désigne aussi des organismes qui se repaissent ou se reproduisent aux dépens des autres. On notera malgré tout qu’il existe des parasites bienfaisants, comme les ichneumons dont les larves dévorent les insectes ravageurs ou les bactéries de notre flore intestinale qui parasitent nos boyaux mais sont indispensables à la digestion et jouent un rôle dans notre défense immunitaire. Pour en revenir à la Weltwoche, elle avait ironiquement, il y a quelques années, qualifié les Romands de… Grecs de la Suisse, paresseux, imbibés de vin blanc et parasites des caisses sociales. L’auteur de ces lignes se doit d’avouer qu’il est un cumulard : bobardier du service public, Romand et EN PLUS… né à Athènes! Parfois, le matin, après un mauvais rêve, il se précipite devant le miroir de sa salle de bain pour s’assurer qu’il ne s’est pas nuitamment… transformé en cancrelat !