Panique
Georges Pop | Panique! Voilà un mot synonyme d’affolement et d’épouvante qui apparaît ponctuellement dans les colonnes des journaux ou dans la bouche des journalistes de l’audiovisuel. Il évoque la terreur instinctive qui s’empare de celles et ceux qui sont confrontés, par exemple, à un attentat, une catastrophe ou un naufrage. Ce mot a une étymologie pour le moins singulière et littéralement… divine! Il nous vient en effet en droite ligne du grec πανικός (panikos), lui-même dérivé du nom du dieu Pan (Παν ou Πάνα en grec). Le dieu Pan n’était à priori pas fondamentalement malveillant. Il était même le protecteur des bergers et des troupeaux et les anciens le représentaient fréquemment en train de souffler délicatement dans une flûte faite de plusieurs roseaux assemblés, autrement dit une flûte de Pan! Son aspect était cependant assez effrayant: son visage barbu et son thorax étaient humains mais il était affublé de deux cornes et était perché sur deux pieds de boucs à l’image des satyres antiques dont il appréciait d’ailleurs la compagnie. Les récits mythologiques nous enseignent que le jour de sa naissance, sa mère fut prise de panique devant son apparence monstrueuse et l’abandonna. Son père qui n’était autre que le dieu Hermès, le Mercure des Latins, finit par le récupérer et l’emporter sur l’Olympe, le domaine des dieux, où toutes les divinités l’adoptèrent. Pan qui n’était donc pas foncièrement méchant avait cependant la réputation d’être irascible et emporté. Lorsqu’il piquait une grosse colère, il poussait des cris affreux qui inspiraient la terreur. Son apparition ou son évocation pouvaient – paraît-il – rendre les foules hystériques et répandre ainsi l’effroi et… la panique! Même son nom était censé faire peur. Selon la tradition, lorsqu’en 490 av. J.-C. les hoplites athéniens et platéens chargèrent en rangs serrés l’armée perse débarquée à Marathon, ils martelèrent en hurlant le nom du dieu aux pieds de boucs pour terroriser leurs ennemis: Παν… Παν… Παν… (Prononcer : Pâne… Pâne… Pâne…)! Cette clameur aurait contribué à épouvanter les Perses qui, pris de panique, ont reflué en désordre, laissant des milliers de morts sur le champ de bataille. Pour écarter tout malentendu, on précisera encore que ce cri de guerre n’a aucun rapport avec l’onomatopée pan pan qui reproduit un double coup de feu et moins encore avec la menace panpan cucul censée intimider les gosses indisciplinés.