Gay
Georges Pop | Après le vote du parlement allemand, la semaine dernière, la Suisse reste, avec l’Autriche et l’Italie, l’un des derniers pays du Vieux Continent à ne pas reconnaître le mariage gay. Une bonne occasion de se pencher sur ce mot qui désigne une personne homosexuelle. Gay est certes un anglicisme, désormais largement adopté par le monde francophone, sans doute par commodité et peut-être aussi dans un désir de politiquement correct. Il a néanmoins une origine authentiquement française puisqu’il a été emprunté par les Anglo-saxons dès le XIIe siècle au français gai pour caractériser une personne joyeuse. L’origine du mot gai est d’ailleurs encore controversée, certains linguistes lui prêtant une parenté avec le vieil allemand gâhi qui voulait dire vif ou prompt, alors que d’autres pensent qu’il découle du prénom latin Gaius (ou Caius), apparenté au verbe gaudeo (se réjouir). Au fil des siècles, gay prit petit-à-petit chez les anglophones une connotation sexuelle, liée au plaisir de la chair. Le milieu homosexuel s’en empara progressivement dès le début du XXe siècle. Mais ce n’est que dans les années septante qu’il prit aux Etats-Unis sa signification contemporaine. En 1969, à New-York, la police fit une descente brutale dans un établissement de Greenwich Village, le Stonewall Inn, fréquenté par les homosexuels, les bisexuels et les personnes transgenres. Il s’en suivit des émeutes, considérées comme l’éclosion du militantisme contre les discriminations liées à l’orientation sexuelle. Le 28 juin 1970, les premières Gay Prides (marches des fiertés homosexuelles et LGBT) eurent lieu à Los Angeles et à New York pour marquer l’anniversaire des émeutes de Stonewall. Le mot ainsi lâché se répandit comme une trainée de poudre. De nos jours, être gay est un crime passible de la peine de mort dans sept pays majoritairement musulmans: Arabie Saoudite, Mauritanie, Nigeria, Soudan, Somalie, Iran et Yémen. En Tchétchénie, les gays sont traqués, torturés et assassinés; dans plusieurs pays africains, stigmatisés et emprisonnés. Quant à l’homophobie, elle reste présente partout… La célère écrivaine, humoriste et présentatrice TV américaine Ellen DeGeneres, qui n’a jamais caché sa nature saphique, a dit un jour: Je ne sais pas de quoi les gens ont peur. Peut-être qu’ils pensent que leurs enfants seront influencés mais je dois vous dire, j’ai été élevée par deux hétérosexuels. Partout où je regardais il y avait des hétérosexuels. Et ils ne m’ont pas influencée. Il est temps que nous aimions les gens pour ce qu’ils sont et qu’ils aiment qui ils veulent.