La petite histoire des mots
Douche

Une récente étude de l’Université de Lausanne (UNIL), sur mandat de l’Association suisse pour le sport scolaire (SVSS), révèle que les adolescents sont de moins en moins nombreux et de plus en plus réticents à prendre une douche après une activité sportive dans le cadre de l’école. En cause : un sentiment d’insécurité dans les vestiaires scolaires et la crainte d’être immortalisé, nu ou en petite tenue, par un camarade malveillant détenteur d’un smartphone.
Est-il bien utile de préciser que le mot « douche » désigne un jet d’eau dirigé sur le corps dans un but d’hygiène, thérapeutique ou de détente. Par métonymie, ce mot désigne aussi l’équipement et l’endroit aménagé pour se « doucher ».
La pratique de la douche, telle que nous la connaissons de nos jours, date très précisément de 1872, lorsque, sous l’influence du courant hygiéniste, le médecin français François Merry Delabost inventa ce dispositif, non pas pour équiper des logements, mais pour améliorer l’hygiène dans les prisons françaises. Il vendit son invention en mettant en avant les économies d’eau réalisées comparativement au bain. La première douche moderne fut installée dans une prison de Rouen.
Dans la langue française, le mot « douche » est cependant bien antérieure à cette invention : Il est apparu dès le la fin du XVIe siècle sous la forme « doulche », dans un ouvrage médical de Jean Puidoux, un médecin d’Henri IV, qui suggérait déjà de s’asperger d’eau par mesure d’hygiène. Son idée n’eut cependant aucun succès car, à l’époque, on soupçonnait l’eau, souvent impropre à la consommation, d’être à la source de maladie comme le choléra. Les praticiens de ce temps, en France, déconseillaient d’ailleurs fortement toute forme de bain. Les nobles s’aspergeaient de parfums pour dissimuler leurs insistantes senteurs corporelles.
Pour en revenir à l’étymologie, en italien, le mot « doccia » désignait déjà, en ce temps-là, un petit jet d’eau destiné à se laver. Il était très probablement dérivé du latin « ductione » qui désigne une conduite d’eau ou un canal, lui-même dérivé du verbe « ducere » qui signifie « conduire ». Il est d’ailleurs intéressant de noter, à ce stade que, dans l’Antiquité, les Romains, comme les Grecs, prenaient déjà des « douches » en s’aspergeant d’eau, issue de fontaines ou de canalisations, pour se purifier ou se laver.
On ignore l’origine de l’expression « douche froide » qui désigne une déception douloureuse ou une expérience désagréable et subite qui refroidit l’enthousiasme de quelqu’un.
On sait en revanche d’où nous vient l’expression « douche écossaise ». Au début du XIXe siècle se pratiquait en Ecosse une hydrothérapie du nom de « shower-bath ». Ce traitement alternait sans répit eau chaude et eau froide, pour stimuler la circulation sanguine. Cette « douche écossaise » a fini par désigner une vive succession de sensations, d’événements ou d’impressions, qui alternent brusquement le positif et le négatif.


