Exode

Chaque été, c’est par dizaine de millions que les estivants prennent le chemin des vacances, à tel point que l’on parle parfois désormais d’«exode estival». Hors de ce contexte, le mot «exode» a souvent une connotation péjorative, car il définit un mouvement massif de populations civiles, par exemple lors d’une guerre ou d’une catastrophe naturelle, ou lors d’autres phénomènes étudiés en géographie, comme l’«exode rural» qui voit des populations agraires abandonner les campagnes pour s’installer dans des zones urbaines.

Dans notre langue, ce n’est qu’à partir du XIXe  siècle que ce mot prit, dans la langage courant, le sens de migration massive. Il a été emprunté au latin biblique «Exodus», qui se réfère à l’exode hors de l’Egypte des Hébreux sous le conduite de Moïse. Ce récit figure dans le deuxième livre de la Bible et de l’Ancien testament. La moitié de ce livre est consacré à l’énoncé des lois et son titre originel, en hébreu, est «Shemot», ce qui signifie «Les Noms». 

Selon les traditions hébraïque et chrétienne, la rédaction du livre est attribuée à Moïse. Mais rien dans les textes ne laissent penser que c’est vraiment le cas. De nos jours, les exégètes et les historiens de la Bible estiment qu’il fut écrit vers le VI^e av. J.-C., même s’il est probable que ses auteurs se soient inspirés de récits plus anciens. En outre, l’’historicité du livre est sujette à caution, l’archéologie n’ayant trouvé aucun éléments, notamment dans les archives de l’Egypte des pharaons, permettant de confirmer cette histoire. Sans doute, si elle a véritablement eu lieu, n’a-t-elle concerné qu’un petit groupe de personnes. 

Avec un «E» majuscule, «Exode» se réfère exclusivement au récit biblique. Le latin «Exodus» a été emprunté au grec «exodos» qui veut dire «sortie». Ce terme de l’ancien grec, qui s’est perpétué en grec moderne, associe le préfixe «ex» (hors de) et le substantif «hodos» (route ). «Exode» signifie donc littéralement «sortir d’un endroit en prenant la route».

Rappelons pour conclure qu’«Exodus» est le nom d’un bateau qui, en 1947, avait appareillé de Sète, en France, à destination de la Palestine, avec quelque 4500 survivants de la Shoah. Affrété par une organisation juive, il fut refoulé par les autorités britanniques qui avaient alors placé la Palestine sous leur protectorat. De nombreux passagers entamèrent une grève de la faim. La brutalité de la répression britannique eut un grand retentissement médiatique et contribua à la création du futur Etat d’Israël. Cette histoire a donné lieu à de nombreuses adaptations au cinéma, dans la littérature et la bande dessinée. Le film «Exodus» de 1960 avec Paul Newman est considéré comme un classique du genre.