La petite histoire des mots
Valais

Le Valais perd sa conseillère fédérale. A la surprise générale, Viola Amherd a annoncé mercredi dernier sa démission. Elle quittera le gouvernement le 31 mars prochain. La centriste valaisanne avait été élue au Conseil fédéral en 2018. Depuis 2019, elle dirige le Département de la défense, de la protection de la population et des sports. Voilà qui nous amène aux origines du choronyme (nom d’un lieu) « Valais », qui est infiniment plus embrouillé qu’on ne le pense généralement.
Le nom « Valais » est très souvent associé, à tort, au mot « vallée », issu du latin « vallis », en raison de la typologie de son relief. La situation géologique du canton est sans doute à l’origine de cette erreur qui a la vie dure. Or, comme nous l’apprend le lexicographe Michel Desfayes, qui publia plusieurs ouvrages dans les années cinquante et soixante, le mot « Valais » est d’origine germanique et trouve sa source déjà dans l’Antiquité. Pour simplifier, nous dirons qu’il est un dérivé du mot « waelisc » qui voulait dire « étranger ».
Les « Ouadikassioi » étaient un peuple gaulois que les Grecs et les Romains appelaient « Vadicassi » (Vadicasses). Ce terme se transforma en « waelisc » chez certains peuples germaniques qui, par extension, finirent par l’utiliser pour désigner tous les étrangers, celtes ou gallo-romains. Michel Desfayes cite l’exemple des envahisseurs anglo-saxons qui s’emparèrent de la Grande-Bretagne. Il désignèrent par ce nom les habitants celtes du pays de Galles. Conséquence : de nos jours, en anglais, les Gallois sont appelés « Welsh ».
Tiens, tiens… Il n’aura pas échappé au lecteur attentif que pour nos compatriotes alémaniques, nous les Romands sommes aussi… des « Welches » ! Ce terme est d’ailleurs utilisé parfois avec un peu de condescendance. Le fait est que sur le continent, comme en Grande-Bretagne, à l’aube de l’époque médiévale, les Francs, les Alamans, etc., qui avaient conquis et dominaient les terres de l’Empire romain, qualifiaient d’ « étrangers » (waelisc ou wahlisc, notamment), les locuteurs des langues latines qu’ils avaient soumis.
Tout comme le mot « Welche », les choronymes « Wallis » (Valais), Waadt (Vaud), Wales (Pays de Galles) et même Wallonië (Wallonie) sont donc bien de lointains dérivés de termes qui signifiaient « étrangers » dans les parlers germaniques. Et ils ont progressivement été « latinisés » par ceux qui « résistaient » en parlant encore ce qui allait devenir notre belle langue française…
N’est-il pas cocasse de songer que pour les « barbares » qui balayèrent l’Empire romain d’Occident, et qui saccagèrent Rome en l’an 410 (les Wisigoths conduits par Alaric), il n’y avait aucune distinction à faire entre les ancêtres des Suisses romands, des Wallons, des Gallois, etc. Ils les ont tous mis dans le même panier ! C’est d’ailleurs de cette lointaine époque que date le petit antagonisme qui, aujourd’hui encore, perdure entre francophones et germanophones (ou néerlandophones), en Suisse et en Belgique, ou encore entre Gallois, Ecossais et Anglais, au Royaume Uni.
Une preuve de plus, que pour comprendre le présent , il faut (un peu) connaître le passé…