Cacahuète

Infatigable défenseur des droits humains, l’ancien président américain Jimmy Carter s’est éteint le 29 décembre 2024 dernier, à l’âge de 100 ans. D’origine modeste, cet humaniste fut souvent moqué et caricaturé pour avoir fait fortune dans la culture des cacahuètes. A Plains, en Géorgie, la statue géante d’une cacahuète à son effigie est d’ailleurs devenue le symbole de sa petite ville natale. Elle attire chaque année des cars entiers de touristes.

« Cacahuètes »… Quel drôle de mot! En français, il est attesté sous cette forme depuis le milieu du XVIII^e siècle pour désigner la graine de l’arachide, une plante découverte deux siècles plus tôt par les conquistadors espagnols sur les marchés des Andes. Elle était cultivée dans la région depuis des temps immémoriaux par les Incas. Etymologiquement, les mots « cacao » et « cacahuètes » ont d’ailleurs la même origine. 

Les Aztèques du Mexique, qui connaissaient eux-aussi les graines d’arachide, les appelaient « tlalcacahuatl », ce qui, dans leur langue, le nahuatl, signifie « cacao de terre ». « Tlalcacahuatl » associe en effet les mots « tlalli » (terre) et « cacahuatl » (cacao), les arachides présentant la particularité d’enterrer leurs fruits après la fécondation. Les Espagnols, allergiques aux intonations mésoaméricaines, simplifièrent ce terme en « cacahuate » puis en « cacahuete ». Le terme fut adopté par le français lorsque ces graines, cultivées par les colons dans les Antilles, arrivèrent en Europe. 

Le mot « arachide », quant à lui, fut forgé à la fin du XVIII^e siècle par, le père Charles Plumier, un religieux et botaniste français. Au cours de ses voyages aux Antilles, il décrivit le premier cette plante appelée «pois de terre» par les colons. Il lui donna le nom scientifique de « Arachidna quadrofolia », inspiré du latin « arachidna » qui veut dire « sorte de gesse », lui-même emprunté au grec « árakhos » qui signifie « pois ».

Pour en revenir à Jimmy Carter, c’est pendant la Première Guerre mondiale que la culture de l’arachide s’est répandue dans le sud des Etats-Unis pour remplacer le coton, détruit par l’anthonome, un coléoptère ravageur. L’arachide y fut cultivée en rotation, principalement avec le coton, le tabac et le maïs.  C’est en 1953, à la mort de son père, Earl Carter, un ségrégationniste notoire, que le futur président reprit le domaine familial qu’il modernisa, première étape de son ascension, jusqu’à son accession à la Maison Blanche, en 1977.

Erigée en 1976, à Plains, par le Parti Démocrate local, pendant sa campagne électorale, la statue de cacahuète de Jimmy Carter mesure 4 mètres de hauteur. Elle affiche le sourire triomphant, si caractéristique du défunt président. Aux dernières nouvelles, cette cacahuète géante vient d’être fraîchement repeinte…