La petite histoire des mots
Démographie
Selon les dernières données démographiques, publiées récemment par l’Office fédéral de la statistique (OFS), la population helvétique frise désormais les 9 millions d’habitants. Le nombre des habitants de notre pays a augmenté de 1,6 % l’année dernière, par rapport à l’année précédente. A la fin 2023, nous étions un peu plus de 8,96 millions à vivre en Suisse. Il s’agit de la croissance la plus soutenue enregistrée depuis le début des années 1960.
La « démographie » désigne l’étude des populations, afin de connaître leur nombre, leur répartition géographique, ainsi que leur classement par âge ; sexe ; statut matrimonial, professionnel ou social ; revenus ; religion, etc. Ces statistiques, ainsi que l’anticipation de leur évolution, sont censées permettre à l’Etat de gérer le présent et de préparer l’avenir. Bien que ce terme soit récent, la volonté de connaître les effectifs et la nature des populations s’est manifesté très tôt, que ce soit en Chine ou sous l’Empire romain, par exemple.
Le terme « démographie » est récent. Il est apparu pour la première fois en 1855, dans un ouvrage intitulé Eléments de statistique humaine, ou démographie comparée, sous la plume d’Achille Guillard. Ce botaniste français, passionné de géographie, avait fait ses études à Genève. Il associa les mots grecs « démo », issu de « dêmos », qui signifie « peuple », et « graphie » qui vient du verbe « graphein », qui veut dire « écrire ». Il définit cette science comme « la connaissance des lois régissant la formation et le renouvellement des populations ».
Ce nouveau vocable fut non seulement très vite adopté par la langue française, mais il « s’exporta » quasi instantanément un peu partout avec un grand succès. On le retrouve aujourd’hui en anglais (demography) ; en allemand (Demographie) ; en italien et en espagnol (demografia) ; en danois, norvégien et suédois (demografi) ; en russe (« demografiya », en caractères latins) ; en turc (demografi), et même en grec dont il est pourtant issu, mais où il n’existait pas, (« dimografia » en caractères latins) …
Rappelons que, chez nous, l’évolution démographique est une source d’inquiétude pour l’UDC qui ne veut pas d’une Suisse à dix millions d’habitants, alors que d’autres l’appellent de leurs vœux pour contrebalancer le vieillissement de la population et pourvoir les places de travail, indispensables à notre prospérité.
Concluons par cette boutade du journaliste et humoriste Philippe Bouvard, prononcée en un temps où la dénatalité était moins alarmante que de nos jours : « Au train démographique où nous sommes embarqués, on peut imaginer les grandes vacances en 2050 : dix millions d’enfants qui n’auront pas trouvé de place dans un crèche, ne trouveront pas davantage de place sur une plage ».