La petite histoire des mots
Banane
Appelée familièrement « la banane » par les étudiants, en raison de sa forme légèrement incurvée, l’Unithèque est en travaux depuis 2020 sur le campus de l’Université de Lausanne. Mais la facture de son extension ne cesse de grimper. Le Conseil d’Etat vaudois vient d’octroyer un troisième crédit supplémentaire à son agrandissement. Il devrait faire passer la facture finale à 98,2 millions de francs, ce qui donne à cette « banane » académique un goût plutôt salé…
Voilà qui nous amène au mot « banane » qui désigne notre savoureux fruit exotique à chair blanche, dont la plupart des variétés domestiquées sont stériles, et donc dépourvues de graines. Selon le paléobotaniste, la domestication des bananiers sauvages aurait été réalisée, il y a environ 10’000 ans, quelque part dans les hautes terres de Nouvelle-Guinée. La variété « Musa acuminata banksii », dont sont issues la plupart de celles qui sont commercialisées de nos jours, y aurait vu le jour, avant de se répande en Asie du Sud-Est, en Inde, puis dans toutes les régions où elle fut introduite ultérieurement pour y être cultivée : l’Afrique, les Caraïbes et l’Amérique centrale, notamment.
Mais quel drôle de vocable : « banane ! ». Ce fruit nous est devenu tellement familier, depuis l’enfance, qu’on ne s’étonne guère de l’étrangeté de son nom. Les historiens ont retrouvé les premières traces de l’emploi du mot « banane » par un Européen, dans les carnets de voyage d’un navigateur hollandais de la fin du XVIe siècle. Il y explique, en français, avoir trouvé et sans doute dégusté à Sainte-Marie, une île proche de Madagascar, des « bannanas ».
Au-delà de cette première mention avérée, la langue française doit cependant le mot « banane » à des commerçants portugais qui, au début du XVIIe siècle, appelaient le bananier « Figueira Banana », ce qui veut dire « figuier portant des bananes ». Ces marchands auraient emprunté le terme « banana » à la langue bantou de Guinée où ce fruit serait arrivé, en plusieurs étapes, peut-être de Madagascar, où les bananes auraient été importées d’Inde. Et en remontant encore plus loin, on remarque qu’au Moyen-Âge, les commerçants arabes, qui sillonnaient l’océan Indien, en faisaient aussi escale à Madagascar, désignaient ce fruit par le terme arabe « banan » qui veut dire « doigt » … Au-delà, on ne sait pas !
Notons, avant de conclure, que l’expression « avoir la banane » est apparue au cours du XXe siècle, la banane faisant référence au sourire, les lèvres prenant la forme d’une banane. Puis terminons cette chronique bananière par ce savoureux proverbe bambara, une ethnie d’Afrique de l’Ouest, principalement établie dans l’actuel Mali, et qui manifestement sait manier l’humour : « Tout a une fin, sauf les bananes… qui en ont deux ! »