La petite histoire des mots – Tennis
La chronique de Georges Pop
Georges Pop | L’Open d’Australie, qui a débuté cette semaine à Melbourne, se dispute sans Novak Djokovic. La Cour fédérale australienne a rejeté le recours du no 1 mondial. Sa mise au ban a fait l’effet d’une détonation dans le monde du tennis, car la suite de la carrière du Serbe pourrait bien être compromise.
Voilà qui nous amène au mot « tennis » qui n’est pas d’origine anglaise, comme on le pense généralement, mais… française ! Certes, c’est à raison que l’on attribue l’invention de ce sport aux Anglais. Son ancêtre direct, cependant, était français. Il s’agit du jeu de paume au cours duquel, au Moyen-Âge déjà, l’échange de balle se pratiquait à mains nues ou gantées ou encore avec un battoir en bois, aïeul de la raquette dont les premiers prototypes très rustiques n’apparaîtront qu’au XVIe siècle. Les chroniqueurs nous apprennent que le jeu de paume fut introduit en Angleterre au XVe siècle, par le duc d’Orléans. Fait prisonnier, pendant la guerre de Cent ans, après la bataille d’Azincourt, en 1415, ce prince français resta captif pendant deux décennies chez l’ennemi anglais. Il tua le temps en composant des centaines de chansons, de rondeaux et de ballades et se défoula en initiant ses geôliers au jeu de paume. Il fallut cependant attendre quatre siècles avant que le tennis ne prenne sa forme contemporaine.
Mais son nom est un héritage direct de la pratique du jeu de paume. En France, en effet, il était d’usage de crier « Tenez ! » avant de lancer la balle à l’adversaire. Emprunté par les Anglais, le mot s’est progressivement transformé en « teneys » puis en « tennis ». Le tennis en Angleterre a d’ailleurs pour nom « lawn tennis », ce qui signifie « tennis sur herbe », tandis que le jeu de paume est désigné sous le nom de « real tennis » ce qui signifie « vrai tennis ».
En France, le mot « tennis » apparaît dans diverses revues sportives dès les années 1890. Autre curiosité sémantique : le mot « raquette », qui désigne de nos jours un instrument composé d’un manche et d’un cadre, garni d’un réseau de cordes en nylon ou en boyau, qui sert à frapper et lancer une balle ou un volant, est issu d’un terme… d’anatomie. Au XIVe siècle, la « rachete de la main » désignait le carpe, ou carpus, ce groupe d’os entre le radius, l’ulna et le métacarpe qui correspond au poignet. Un siècle plus tard, sous la forme « raquecte », il prit le sens que nous connaissons désormais et est adopté dans la langue anglaise, orthographié « racket ». Rien à voir, cependant, avec son homonyme qui, en anglais comme en français, désigne une extorsion obtenue sous la menace. Dans ce sens, le mot « racket » viendrait de l’italien « ricatto » qui signifie « chantage ». Cependant, cette explication ne fait pas l’unanimité parmi les étymologistes, de part et d’autre de la Manche.
Pour en revenir au tennis, laissons le mot de la fin à Roger Federer, dont les rencontres donne lieu à d’incessantes spéculations sur la suite de sa carrière : « Parfois, vous êtes simplement heureux de jouer. Certaines personnes, certains médias, malheureusement, pensent toujours que vous devez tout gagner, et si ce n’est pas le cas, à quoi bon ? Pourquoi ai-je commencé à jouer au tennis ? Parce que j’aime ça ! C’est en fait une sorte de passe-temps de rêve qui est devenu un peu un travail. Certaines personnes ne comprennent tout simplement pas ça ».