La petite histoire des mots
Plastique
Georges Pop | L̕organisation internationale de police criminelle INTERPOL, qui est basée à Lyon, en France, lance un cri d’alarme : elle dénonce une progression alarmante du trafic international de déchets p’lastique, conséquence, selon elle, des restrictions à l’importation de ce type de déchets par certains pays d’Asie, lassés de recycler ou de détruire les ordures produites par les pays développés. INTERPOL constate que le crime organisé s’est emparé de ce secteur et que des dizaines de milliers de tonnes de plastiques de toutes natures finissent ainsi dans la mer, ou brûlés à ciel ouvert dans des pays pauvres. Très sommairement, l’histoire contemporaine des plastiques a débuté en 1838, lorsque le chimiste français Henri Regnault synthétisa, dans son laboratoire, le premier polychlorure de vinyle (PVC), une découverte restée sans suite. Trois décennies plus tard, l’inventeur américain John Wesley Hyatt parvint à mettre au point le celluloïd, considérée comme l’une des premières matières plastiques. C’est seulement, cependant, au début du XXe siècle que le Belge Leo Baekland inventa le premier plastique 100% synthétique. A base de composés issus du pétrole, il mit au point la bakélite, premier plastique produit à grande échelle. Avant de désigner toutes la gamme des matières plastiques qui, pour nombre d’entre-elles, dégradent notre environnement, le mot « plastique » était surtout associé, aux mondes des arts, de la médecine ou du vivant. L’art plastique vise à la reproduction ou à la création de formes par le modelage. La médecine plastique cherche à remodeler les formes du corps ou du visage. On parle aussi des vertus plastiques des animaux ou des végétaux. Le mot est issu du latin « plasticus », lui-même emprunté au grec « plastikos » qui désigne ce qui est relatif au modelage. Ce mot grec est lui-même dérivé de « plássein » qui signifie « former » ou « mouler ». Lorsqu’il est employé, de nos jours, dans un contexte environnemental, le mot « plastique » se rapporte, malheureusement, à un véritable cauchemar. Selon une étude de l’Université de Leeds, au Royaume-Uni, si nous pouvions disposer tous nos déchets plastique sur une surface plane, cela couvrirait une fois et demie la superficie de tout le Royaume-Uni. Le plastique, sous ses diverses formes, est omniprésent, partout, y compris dans nos organismes. Les chercheurs accusent ces microplastiques d’être des perturbateurs endocriniens et, peut-être, responsables de certaines maladies dégénératives. Peut-on, aujourd’hui, se passer du plastique ? La question de pose chaque jour avec davantage d’acuité, sans pour autant apporter de réponse, tant notre civilisation est addicte et dépendante de toute cette famille de produits, dont un nombre grandissant – il est vrai – est recyclable. Reste que le plastique met en péril cette petite planète bleue, si fragile, qui nous a donné la vie, ainsi qu’à d’indénombrables autres espèces vivantes, animales ou végétales. En guise de conclusion fleurie, partageons peut-être l’avis de la romancière française Valérie Perrin qui constate : « une rose en plastique est comme une lampe de chevet qui voudrait imiter le Soleil ».