La grippe sévit très fort cette année
Nos systèmes immunitaires sont encore affaiblis par la pandémie de coronavirus. Conséquence : certains virus hivernaux frappent d’autant plus fort. C’est le cas de la grippe notamment.

Vous l’avez entendue passer, ou elle vous a vous-même terrassé depuis le début de l’hiver ? C’est normal. L’épidémie de grippe est bien là. 39 degrés de fièvre pendant quatre jours, sinus bouchés, le virus a atterré Katrin, 47 ans. « Je me fais d’habitude vacciner chaque année mais cette année j’ai zappé mon rendez-vous, en me disant que ce n’était pas trop grave… comme quoi ! C’est d’ailleurs le cas de plusieurs amis et amies qui ont aussi attrapé la grippe. On a un peu oublié que c’était utile. » Une intensité de symptômes qui a également surpris Ana, 69 ans, pourtant vaccinée en novembre. « Ça a commencé par un mal de gorge pendant deux jours, puis de la fièvre et je me sentais vraiment très mal. »
Alors est-ce que la grippe sévit plus fort que d’habitude ? Chef au service de microbiologie du CHUV, le docteur Gilbert Greub nous explique. « On devrait parler des épidémies de grippe, au pluriel, parce qu’il y a deux types principaux de grippes, la A et la B. Souvent, la A commence en décembre ou janvier et finit en février mars, et la grippe B commence quand la grippe A finit. Ce qui est inhabituel cette année, c’est qu’on a les deux en même temps, et que ces virus circulent bien. Je pense que ça peut être expliqué par un changement épidémiologique lié à une baisse d’exposition à cause des mesures anti-covid. »
Moins d’exposition, donc moins d’immunité aux virus qui traînent. S’il y a eu un pic lors des fêtes de fin d’années, dû au brassage de population plus élevé, la grippe, la A en tout cas, est actuellement en baisse. Questionné à propos du nombre de personnes vaccinées depuis le début de la saison, le Canton admet ne pas encore disposer de statistiques pour l’ensemble de la population. Au sein du personnel soignant, cependant, une tendance à la hausse est observée, même si les chiffres n’atteignent pas encore les niveaux d’avant la pandémie.

Et le Covid ? Et les autres ?
Si on entend plus beaucoup parler de lui, ce n’est pas forcément qu’il a totalement disparu. Mais le Covid-19 est en nette baisse. Au même moment de l’année, en 2024, 14 % de testés étaient positifs au Covid-19, contre 3 % aujourd’hui.
Autre particularité depuis la pandémie : la bactérie du mycoplasme. « On a modifié les dates de survenue des microbes, explique Gilbert Greub. D’habitude, le mycoplasme était très régulier, de fin octobre, début novembre au retour des vacances scolaires d’automne, et ça durait jusqu’à ce que la grippe A arrive. Puis le Covid est arrivé, et le mycoplasme s’est fait oublier pendant trois ans – l’effet des mesures anti-covid. Il est revenu en 2023, et comme à ce moment-là on avait plus d’anticorps, il est resté tout l’hiver 23-24, tout l’été 2024 et il est encore là actuellement. » Cette année, une autre bactérie circule également, c’est la chlamydia pneumoniae. Elle peut causer pneumonies, bronchites et syndrômes d’asthme, entre autres. Elle se diffuse via les voies respiratoires et les mains.