La dernière gorgée de bière Ariane Ferrier – BSN PRESS
Milka | Mon Dieu que ce livre fait du bien! On peut le lire pour différentes raisons: Parce que c’est Ariane Ferrier qui l’a écrit, et que l’on connaît sa plume! Parce que ce livre est sorti en même temps que la mort de son auteure, et que ma foi, ça fait vendre, forcément. Parce que c’est un livre sur le cancer, et que le cancer touche de plus en plus de gens, malheureusement. Et bien j’ai envie de vous dire: lisez-le, car vous allez vous marrer! du début à la fin! Parce qu’elle ne s’apitoie pas sur son sort! Que comme tous ceux qui apprennent cette nouvelle, elle ne se dit pas «pourquoi moi?» mais «pourquoi pas moi?». Pour avoir récemment connu une situation semblable, je peux vous dire que tout ce qu’elle mentionne est vrai. Le bon comme le mauvais. Le bon d’abord, avec des découvertes émotionnelles fortes, des amis qui deviennent plus que des amis, des membres de la famille qui deviennent essentiels, ce petit-fils qui lui donne de la joie chaque fois qu’elle sniffe dans son cou, à la manière d’un drogué qui snifferait son héroïne. Mais aussi le mauvais, des amis qui s’éloignent, la déchéance de son corps, ce sentiment de ne plus rien être sans les autres, d’avoir besoin d’assistance pour tout. Sauf que elle, elle a décidé de se battre, d’entamer cette guerre à la façon d’une légionnaire ou d’un membre du GIGN. Elle dit d’ailleurs: C’est sur ma route. Pour des raisons que j’ignore, je dois passer par là. Plus vite je l’accepterai, mieux ce sera. La vie, la mienne, avec les souffrances infligées aux autres, celles reçues, m’a enseigné au moins cela: tu as mal à l’âme, tu résistes. Tu vas en baver. Tu as mal à l’âme, tu acceptes, tu regardes ce qui peut être fait pour réparer le mal, ou l’adoucir. Tu vas en baver, mais ce sera plus facile. Alors oui, son issue est fatale puisqu’elle vient de nous quitter, mais tout le monde ne meurt pas du cancer. Il y a autant de sortes de cancers que de façons de l’aborder. Chacun doit trouver la sienne et les motivations nécessaires pour l’affronter. Mais encore une fois, que ce livre fait du bien, on rit plus qu’on ne pleure et c’est une magnifique façon de quitter la scène. Agréablement, doucement comme une dernière gorgée de bière. Ariane Ferrier a commencé sa carrière de chroniqueuse au journal «La Suisse». Pendant 10 ans, elle a travaillé à la «Tribune de Genève» et parallèlement au quotidien «24Heures». Elle a écrit également dans «Le Matin» et présenté «Box Office» à la Télévision Suisse romande de 1997 à 2001. Auteure de plusieurs ouvrages, elle a publié en 2014 «Fragile» chez BSN Press, un recueil de chroniques écrites de 2005 à 2014 pour le journal «La Liberté».