La décharge d’Albin à Forel
Jean-Pierre Lambelet | Si les histoires les plus courtes sont souvent les meilleures, celle conduisant à la mise en service d’une décharge au lieu-dit «en Albin» à Forel (Lavaux) est plutôt longue…!
En effet, il faut remonter à la fin des années huitante pour avoir une première vision de la part du canton de Vaud, qui a recensé tous les sites qui pourraient accueillir une décharge dans le cadre d’un Plan directeur des dépôts d’excavation et de matériaux.
Un premier projet avait été élaboré dans les années nonante par l’entreprise Hartmann sur le même site, puis il est resté lettre morte. Au début du nouveau millénaire, l’entreprise Marcel Delessert SA à Essertes reprend l’idée et développe un projet pour aboutir à la conclusion que l’on est mieux armé à trois que seul pour mener à bien une réalisation de cette envergure, et c’est ainsi qu’en 2006 une convention est signée entre les entreprises Marcel Delessert SA à Essertes, Métraux Transports SA à Savigny et JPF Construction SA à Lausanne pour déterminer avec les propriétaires des terrains les bases d’une décharge recevant des matériaux de type terreux ainsi que des matériaux inertes (déchets de chantier, etc.)
Un comité de pilotage et un comité de suivi sont constitués.
Et voilà, l’aventure est lancée… !
Juste pour donner une idée du parcours à franchir jusqu’à ce que le premier camion dépose 1 m3 dans la décharge, voici un résumé non exhaustif des partenaires avec qui négocier et solutionner chaque point de la réalisation en soulignant la bonne collaboration qui a régné, ce dont les entreprises précitées sont reconnaissantes: les 8 propriétaires terriens, la Commune de Forel (Lavaux), les voisins du périmètre de la décharge, le Service des travaux publics du canton, le Service des routes, le Service des eaux, le Service des forêts, le Service de la faune, le Service de la flore, le Service de l’agriculture, les associations de protection de l’environnement, etc. Sans oublier tous les travaux préliminaires d’études et de planification représentant un financement important avant de savoir s’il y aura un aboutissement favorable.
En 2014, dès la réception du permis de construire et des autorisations nécessaires, s’est constituée la société «Décharge en Albin SA», et les travaux préparatoires ont pu commencer avec la construction d’un giratoire à la jonction des routes reliant Forel, Essertes et Savigny car les trois entreprises se rendaient compte du danger que pourrait représenter la sortie de camions venant d’une route latérale débouchant sur une route cantonale. Comme ils étaient demandeurs, la totalité du financement fut à leur charge.
En parallèle, démarra la construction des équipements nécessaires aux contrôles des véhicules entrant dans la décharge avec le pesage et l’identification des matériaux, ainsi que le lavage des camions à la sortie de la décharge pour éviter de souiller le réseau routier.
Il faut également dégrapper toute la bonne terre végétale et la conserver pour recouvrir les parties qui seront comblées selon des directives précisées dans un cahier des charges contraignant de géopédologie.
Au final, c’est environ 1’600’000 m3 de matériaux d’excavation propres et de matériaux inertes qui pourront être déposés à la décharge d’Albin selon un règlement d’exploitation très strict recensant naturellement le contenu des déchets, mais également tout ce qui est relatif à l’exploitation, partant du personnel à la sécurité, aux étapes d’exploitation, à la protection contre le bruit et les poussières, la protection des eaux et des drainages, les mesures de volume, etc. etc. L’exploitation est prévue pour une durée de 15 ans, ce qui devrait correspondre à environ 106’000 m3 par année.
Toutes les parties concernées sont satisfaites de cette réalisation qui répond à un besoin réel dans l’Est lausannois, car le canton de Vaud n’avait pas de site de cette importance dans ce périmètre géographique, ce qui a pour effet de diminuer considérablement les kilomètres à parcourir à partir d’un chantier régional pour les collectivités publiques et pour les privés et donc les coûts. D’autre part, la construction du giratoire profite grandement à régulariser et sécuriser la circulation dans un carrefour qui était assez dangereux.
Comme quoi, une forte volonté d’aboutir un projet et une excellente entente entre trois entreprises ont permis de mener à bien une «histoire courte» commencée il y a presque 20 ans… !