La commune d’Oron se mouille pour sa faune piscicole
Gil. Colliard | D’importants travaux vont avoir lieu dans le lit de la Broye, sous le pont routier à Palézieux-Village. Plusieurs arbres ont déjà été abattus de part et d’autre du cours d’eau. La population s’interroge, bien que cet aménagement piscicole ait été soumis à l’enquête publique, publiée par la DGE-Eau du 2 décembre 2016 au 18 janvier 2017 et que le Conseil communal d’Oron ait adopté le projet lors de sa séance du 6 mars 2017. Sous l’impulsion de Daniel Sonnay, municipal, une rencontre a été organisée avec Claude-Alain Davoli, chef du secteur 2 des lacs et cours d’eau de l’Etat de Vaud et Jean-Michel Trolliet, garde-pêche de la circonscription 7, Oron et Moudon, afin de prendre les informations à la source sur ce dossier.
Une rampe pour gommer le dernier obstacle à la migration piscicole sur la Haute-Broye
En aval du pont de la Broye, force est de constater que l’ouvrage artificiel, créé fin XIXe, début XXe siècle pour protéger les abords du pont, avec ses 2 m 16 de hauteur, est un obstacle infranchissable à toutes les espèces de poissons, les empêchant de remonter le courant pour frayer. Alertée par Jean-Michel Trolliet, la Municipalité d’Oron a pris la décision de faire partie de la trentaine de communes vaudoises à se lancer dans un projet de renaturation, d’autant plus qu’il s’agit du dernier obstacle au libre passage de la faune piscicole sur la Haute Broye. Ces travaux vont également dans le sens initié par la commune de Palézieux lors de la création de l’échelle à poissons, également sur la Broye à la hauteur du pont ferroviaire en direction d’Ecoteaux.
Projet piloté par la Direction générale de l’environnement, division Eau, subventionné à 100%
Les travaux, supervisés par le bureau Perenzia, spécialiste en études hydrauliques et qui seront exécutés par l’association des entreprises Delessert et Barbey, débuteront mi-juin, après les foins et devront être terminés absolument au 15 octobre, moment de la migration des poissons vers les zones de frai. Au droit de la chute d’eau, une rampe aquatique macro-rugueuse sera créée par la mise en place de blocs d’enrochement de différentes dimensions et de seuils scellés dans le lit de la rivière. Ce passage aura une pente moyenne de 6% et s’étendra sur 45 m de long et 17 m de large. L’eau serpentera entre les pierres à différentes vitesses offrant des chemins migratoires accessibles à l’ensemble de la faune piscicole. «Ce sera l’une des plus grandes passes à poissons réalisées sur le territoire vaudois», apprécie Claude-Alain Davoli, qui a déjà supervisé de nombreux aménagements piscicoles pour la DGE-Eau. Devisés à hauteur de 478’000 francs, ces travaux, pour lesquels la commune d’Oron est maître d’ouvrage, bénéficieront d’une prise en charge à 60% par les finances cantonales et à 35% par la Confédération. «Nous avons eu la chance que ce projet emblématique lié au sujet de l’eau ait été désigné par la commission des délégués du fonds Naturemade Star (Romande Energie), qui financera les 5% restants, qui auraient dû être à charge de notre commune territoriale», commente Daniel Sonnay.
D’autres espèces réapparaîtront sur ces berges renaturées
A l’origine du projet, Jean-Michel Trolliet, garde-pêche permanent et Estelle Lecomte, ancienne ingénieure responsable des aménagements piscicoles à la DGE-Eau, ne peuvent que se réjouir, car en plus de consolider le perré actuel du pont routier, ce sera toute une vie aquatique qui va en tirer profit. Truites, blageons, spirlins, vairons, loches chevesnes, chabots, barbeaux, tous habitants de la Broye, trouveront leur chemin. On pourra observer d’autres espèces aussi, attirées par ces lieux qui seront réadaptés: la musaraigne aquatique, des oiseaux tels que le cincle plongeur ou le merle d’eau. Le martin-pêcheur, qui peuple le Corbeyron, pourrait aussi revenir sur ces berges, sans oublier la microfaune benthique.
Il faut ici relever la collaboration exemplaire et constructive entre les différents partenaires communaux, cantonaux, les propriétaires fonciers et les agriculteurs Alain Pilet et Eric Demiéville, permettant l’élaboration de ce projet qui, après plus d’un siècle, rendra son droit de passage aux habitants de la rivière.